"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

18 mars 2012

Campus (Peter), Interface, 1972


     
Interface
1972
Peter Campus

Fiche technique de l’œuvre :
Support : 1 caméra N&B, 1 vidéoprojecteur, 1 projecteur de lumière, 1 vitre 246 x 178 x 1 cm.
Production : Centre Georges Pompidou, Paris, France.
Diffusion: http://www.centrepompidou.fr/
Packaging: Aucun.
Nombre d'exemplaire: Un.
Présence de date: Non.
Présence de signature: Non.
Visibilité sur Internet: http://www.flickr.com/photos/alesh/248961775/
Condition de diffusion et d'exposition: Pièce faiblement éclairée. Installation en circuit fermé. Environnement où le visiteur joue un élément constitutif de l'œuvre.
Durée estimée: Aucune.
Langue d'origine: Aucune.

Présentation :
L’élément principal d’Interface est une vitre, en forme d’écran, disposée vers le fond d’une pièce faiblement éclairée. La caméra vidéo est placée derrière la vitre et dirigée vers cette dernière. De l’autre côté de la vitre et lui faisant face se trouve le vidéoprojecteur relié à la caméra (principe technique du circuit fermé, qui retransmet en direct ce que la caméra enregistre). La caméra et le vidéoprojecteur sont placés obliquement l’un par rapport à l’autre. Le visiteur, élément constitutif de l’œuvre, sans lequel l'œuvre serait incomplète. Est invité à circuler dans l’espace situé devant la vitre. La vitre a donc un double rôle dans le dispositif : elle reflète l’image du spectateur a la manière d’un miroir et tient le rôle d’écran, permettent au visiteur de visualiser son image enregistrée par la caméra.
Ainsi grâce a cette vitre, le visiteur intégré dans cet environnement est confronté a deux images de lui même, l’une en positif – l’image vidéo – et l’autre en négatif – l’image reflétée par la vitre. Tandis que la vitre renvoie une image en couleur aux contours bien définis, l’image enregistrée, indirecte, projetée en noir et blanc, « fantomatique », semble plus fragile, comme flottant dans l’espace. En circulant devant la vitre, le visiteur est amené à déterminer l’emplacement exact à partir duquel ses deux images se chevauchent. C’est à partir de ce point précis que le visiteur peut réellement visualiser le dédoublement de son image.
Interface s’inscrit dans les recherches autour de la perception de soi dans l’espace et, par extension, d’identité, qui préoccupe Campus ainsi qu’un grand nombre de ses contemporains vidéastes dans les années 70. Dans cette perspective, Campus joue systématiquement, dans l’ensemble des 18 environnements qu’il réalise entre 1971 et 1978, sur la perturbation de l’image du spectateur. Par différent procédés, l’artiste place en effet le spectateur face à son image fragmentée, dédoublée, inversée, déformée – autant de manières de rendre perceptible la complexité de la construction de l’identité.  Nous avons généralement affaire à une expérience personnelle au travers d’une perception de soi visuelle et spatio-temporelle. Nous percevons ces images de soi en même temps que ns en sommes la cause. En effet, tant que la camera ne nous voit pas, l’environnement n’a pas lieu. Ce n’est qu’en rentrant dans l’environnement que celle ci existe. « Vous entrez dans la pièce et, dans un premier temps le travail est invisible. »
Ensuite, vient rapidement le choc de votre propre image puisque vous activez la caméra. Ces deux étapes ont un but. (…)Je veux que les visiteurs explorent la salle, même les zones hors du champ de vue de la caméra, parce que toute la mise en place - l'espace, la caméra- sont intrinsèques à eux-mêmes. Bien sûr, ce sont autant de tentatives de renverser le spectateur passif. », Peter Campus
Dans l’environnement, le spectateur prend conscience de sois même, plus exactement de l’expérience de soi en tant que perception prenant conscience de la perception en cours : le spectateur prend conscience qu’il est à la fois voyeur et sujet de l’environnement. Campus se questionne  ici sur la perception directe ou indirecte des choses: est ce que les spectateurs appréhendent les choses telles qu’elles sont ou a travers des représentations ? Il confère ainsi une part essentiel à notre corps dans l’ensemble du processus.

LUTZIUS Océane, 2011-2012



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