"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

9 novembre 2012

Rist (Pipilotti), I’m Not The Girl Who Misses Much, 1986 (5min2sec)



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Pipilotti Rist est née en 1962 en Suisse. Après des études d’art commercial, d’illustration, de photographie puis de communication audio-visuelles, elle finit par se consacrer exclusivement à la vidéo et l’informatique. Il faut également savoir, qu’elle était membre d’un groupe de musique « Les Reines prochaines ». Les installations et vidéos de Pipilotti Rist explorent plusieurs thèmes tels que la différence des sexes au travers du sexe féminin, l’identité et la culture médiatique. Sa vidéo « I’m Not The Misses Much », ne cesse de modifier la perception de ce qui suit notre quotidien, ce qui nous est familier. Les problématiques qui en résultent seraient, alors :
Comment l’artiste modifie t elle cette perception ? Par quel biais nous transporte-t elle dans son monde ? Qu’en conclut-on ? Dans un premier temps mon analyse portera sur la bande sonore, puis l’érotisme, et enfin, la performance de l’artiste en tant que femme.

          Tout d’abord, l’artiste nous présente sa vidéo tel un clip de musique, en affichant son titre dans la première partie de celle-ci. Ce titre, réinterprétation du morceau de John Lennon « Happiness is a Warm Gun », est chanté par l'artiste elle-même. En effet, Pipilotti Rist appuie cette idée en composant ses bandes sonores et en chantant.  A l’intérieur de cette œuvre, la manipulation de sa voix la rend folle et hystérique. De plus, le fait de modifier un morceau qui nous est à tous familier, nous transporte dans un autre monde, son monde. Engendrant ainsi, un ressentit, un sentiment différent, une curiosité menant à une réflexion.
L’artiste signe son œuvre par des éléments de dérapages tels que les barres de balayages, les couleurs baveuses, violentes, les flous, et la catégorise ainsi comme une œuvre vidéo, et non pas comme un simple clip.



Les artistes La Monte Young et Marian Zazeela ont conçut une installation musicale et lumineuse « Dream Houses ». Cette installation est composée de lumières colorées projetées sur des sculptures 3D et donnant naissance à une ombre, à un nouvel espace entre le réel et l’imaginaire. Tout cela, dans une ambiance sonore, poussant le spectateur à une réflexion sur soit même et une immersion dans le son.

 
Mais l’hystérie du performeur n’est pas seulement liée à la voix mais également au personnage en lui-même. Des mouvements violents, une robe laissant apparaitre sa poitrine, et des cheveux noirs en pétard.  Ainsi, je poursuis mon analyse par le choix des couleurs de l’artiste. Des couleurs érotiques : le rouge et le noir. Celles-ci composent le corps féminin centré à l’écran, la tâche rouge sur ses lèvres, la chevelure corbeau et cette robe très décolletée noire. Et pousse alors au recentrement du regard et du désir.
Il y a notamment, Nam June Paik et Charlotte Moorman qui ont mêlé musique et érotisme à l’intérieur de leur performance : TV Bra For living Sculpture, 1969. Charlotte Moorman, porte un soutien-gorge avec deux moniteurs sur sa poitrine et joue du violoncelle. Ce qui rend cette performance érotique c’est ce violoncelle, posé entre ses jambes et formant un corps humain. (Autre référence : Violon d'Ingres. Corps de femme transformé en violon).

  

Egalement, l’œuvre de Emmanuelle Antille, Training Lounge.C’est l’installation de plusieurs vidéos projetées sur des écrans de différentes tailles, où l’on voit apparaître par fragments une jeune femme exécutant des gestes simples et répétés. Notre regard est alors centré sur elle, dans son espace intime, et nous place en tant que voyeur.
Enfin, l’identité de l’artiste en tant que femme est vue sur un mode performatif, traduit par l’utilisation de la voie et du travestissement. On la retrouve dans un corps de femme hystérique, érotique, acharné, répétant sans cesse cette phrase « I’m Not The Girl Who Misses Much » ( je ne suit pas la fille qui manque beaucoup) jusqu’à épuisement. Il faut savoir que l’hystérie, auparavant était une maladie féminine due à la frustration sexuelle. Par cela, on peut énoncer les différences des sexes, l’identité et la culture médiatique, comme thèmes majeurs de l'artiste.

Je peux conclure, et dire,que par son art du déplacement, par sa réinterprétation de la chanson de John Lennon, par sa performance, Pipilotti Rist modifie toute perception que l’on a sur les clips musicaux, sur « Happiness is a Warm Gun » et sur la femme. Elle nous transporte dans son monde de folie féminine, d’hystérie et nous mène à conclure sur la considération de la femme dans la société.

Mélissa Prenez 2012-2013




       

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