"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

15 novembre 2012

Rousseau (Samuel), Le Géant, 2003


                    
   vidéo: Samuel Rousseau, "le géant", 2003
                             http://rousseau.aeroplastics.net/artwork.php?title=geant


        Samuel Rousseau est né à Marseille en 1971. Il vit et travail à Grenoble. Il fut nommé au Prix Marcel Duchamp 2011 avec sa vidéo projection : « Brave Old New World ». Samuel Rousseau est un plasticien. Ses œuvres relèvent autant de la sculpture, de la vidéo et de l'installation. Samuel Rouseau travaille avec la vidéo numérique depuis les années 1990. À travers celles-ci, il pose la question : qu'est-ce que créer des images dans un monde saturé d'images ? Comment, à travers ces travaux Samuel Rouseau rend compte de la condition humaine ? Comment confronte-t-il la place de l'individu dans la société aux normes sociales ? L'artiste intègre le réel dans le virtuel tout d'abord, puis le discours prend part dans la simplicité de l'image.

        L'artiste fait cohabiter l'image réelle avec l'image virtuelle. « Le Géant » est une projection vidéo sur le théâtre de la Gaité Lyrique. Celle-ci montre un homme nu, d'une cinquantaine d'années, prisonnié d’une façade de pierre et de verre. Sur les 110 m2 du théâtre de la Gaîté-Lyrique, il se dégage une sensation d’enfermement; qui est l'une de ces principales problématiques. L'artiste habille un bâtiment avec sa vidéo. Il confronte vidéo et architecture. Shaw et Lozano-Hemmer travaillent l'un et l'autre sur la relation entre architecture physique et architecture virtuelle. Lozano-Hemmer enrihit des bâtiments et des sites par l'ajout d'éléments audiovisuels dans « Displaced Emperors » (1997).
A l’origine du projet, Samuel Rousseau crée « P’tit bonhomme » (3'01), une projection vidéo d’un personnage essayant de monter une marche d’escalier. « Pti bonhomme » est une œuvre qui relève de la simplicité par son dispositif : la projection sur la première marche d'un escalier. En boucle la vidéo excède le caractère répétitif. L'utilisation des boucles est présente aussi pour perdre le spectateur dans ses rapports au temps.

Il modifie les images donc invente des images, ici il y a une transformation du réel, tel le rapport d'échelle. Il met en relation le corps et l'image. L'artiste espagnol Daniel Canogar avec les séries « Horror Vacui » dont les mains entrelacées évoquent à la fois le démembrement et la création d'un autre entité organique et l'enfermement de toutes ces identités. Dans sa vidéo, Samuel Rousseau ne laisse apparaître que quelque morceaux du corps à travers les vitres. Le thème de la fragmentation du corps se retrouve dans le travail de nombreux artistes tels Armand ou encore Rodin avec ses sculptures. Son travail fait références aux mythologies avec le personnage géant : Atlas, à Lewiss Caroll avec « Alice au pays des merveilles » qui rend compte de l'imaginaire. Qu'est-ce qui se passerait si je faisais 40m de haut ? Son travail fait référence à l'usure du corps du psychisme et des but qu'on s'est donné ds la vie.

        Il fait passer un message, et le public va réinventer une autre interprétation par derrière celui-ci. Dans le « Géant », le corps est là, coincé dans l’architecture, victime de sa proportion. Il cherche une issue à sa condition et nous ramène à la notre. Samuel Rousseau explique: « Avec mon géant, je parle d’une société oppressante qui tente de formater corps et esprits en nous transformant tous en Ken et Barbie. ». Dans l'installation « Liquid Views » de Monika Fleischmann, Wolfang Strauss et Christian-A.Bohn (1992-93), les spectateurs sont confrontés à un reflet d'eux mêmes. Le spectateur voit son reflet dans une sorte de bassin virtuel produisant des vagues qui déforment l'image. Ainsi le spectateur par son reflet, peut-se poser la question de sa présence, de sa place dans la société, de sa condition humaine.

Il utilise la simplicité dans ses images et leurs narrations, malgré la complexité technique. À l'inverse Toni Dove, dans « Artificial Changelings » fait en sorte que le spectateur contrôle le récit. À l'intérieur de chacune des zones, les mouvements du spectateur entraîne des changements dans la vidéo et le son, par exemple, en se positionnant sur la zone la plus proche de l'écran, il se retrouve dans la tête de l'un des personnages; dans la zone suivante, il fait surgir un personnage qui s'adresse directement à lui.

Pour Samuel Rousseau, l'image n'est pas considéré comme une capture du temps, une action suspendue, ou un effet de lumière. C'est une projection du spectateur et c'est l'interaction entre le spectateur et l'image qui est importante. Pour raconter, créer, Samuel Rousseau part de l'observation du quotidien, du réel. La vidéo est comme un langage. Avec la vidéo, le réel est comme doublé. De plus, l'artiste met en rapport deux espaces: celui de la vidéo et celui où celle-ci est projetée. L'artiste travail avec les objets du quotidien, il en extrait leur fonctionnalité. Il dit : « ce qui m’intéresse c'est « l'ignoble », soit le non-noble, le rebut. « Jardin nomades » (19'25) est une vidéoprojection sur un tapis fabriqué par des nomades. Des petits personnages s'y promènent dessus ; il représentent un gros groupe d'investissement américain. Ils se rencontrent pour des contrats professionnels ; c'est comme une forme de nomadisme. Il enferment ces personnages dans des objets.

        Samuel Rousseau est un artiste qui travail l'image sous forme de poésie. Il produit de l'imaginaire, et surtout crée un rapport fort avec le public.





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