"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

12 novembre 2012

Barron (Stephan), MUR, 1987

MUR, Stephan Barron, 1987


Fiche technique de l'oeuvre :
Support : 64 à 120 téléviseurs, lecteur vidéo et son
Diffusion : Centre d'art de Normandie.
Nombre d'exemplaire: Unique.
Présence de date: Non.
Présence de signature : Non.
Visibilité sur internet : http://www.youtube.com/watch?v=81Tnc6201lk
Condition de diffusion et d'exposition : Quatre murs de téléviseurs suffisamment hauts et larges (2,20m sur 4m). Sur chaque mur est diffusé une bande vidéo. Musique de type industrielle/bruitiste. L'installation doit être disposé avec l'idée d'enfermement relative aux murs et au bruit.
Durée estimée : bandes vidéos de 10 minutes. 

Présentation : 

Environnement vidéo constitué de quatre murs de téléviseurs. Sur chaque mur est diffusée une bande vidéo. Le spectateur déambule au sein des quatre murs. L’installation doit être disposée avec l’idée d’enfermement relative aux murs et donc avec des murs suffisamment hauts et larges.  Aussi une musique de type industrielle/ bruitiste est diffusée pendant celle-ci pour accentuer les aspects de compression / concentration et d’expansion / libération liés à cet environnement. Les bandes vidéo durent dix minutes et sont constituées de plans sur les murs. La réflexion est portée sur l’aspect plastique / abstrait des murs : texture, couleur... et sur les mouvements de caméra: plans bougés, travelling, demi-tours, endroit / envers. Une coordination des quatre vidéos est étudiée précisément par le passage des plans d’un mur à l’autre ou par une simultanéité des changements de plan.
Mur est une recherche dans plusieurs directions. Recherche picturale, ou comment chercher la peinture par la vidéo. Plastiquement, les images filmées pour Mur sont une recherche sur le grain de l’image vidéo et sur l’abstraction à travers la figuration. 
Les couleurs sont aussi essentielles : Stephan Barron explique que le travelling noir du début, dont la noirceur aurait pu être accentuée, mais laissée telle quelle, à la fois par refus des effets spéciaux et aussi pour garder cette référence visuelle du mur. Glisser sur un mur noir, un travelling sur le vide. Ou comment une image réaliste peut être abstraite. La couleur rouge vermillon à la limite de la saturation d’un panoramique vertical sur un mur de carrelages. Les couleurs jaunes, bleues ou roses, vertes, très saturées. À la fin le mur blanc renvoie de façon simple au début noir.
La prise de vue est alors essentielle, appelant une recherche de cadrage, de couleurs. Le montage devient très important, impliquant un choix et une organisation des images et va entrainer la création de plans spécifiques appelés « plans bougés ». Stephan Barron s’est intéressé à tous les plans « ratés », chutes habituellement non utilisées mais nécessaire  pour la synchronisation des bandes. Aussi dans ces chutes, il y a souvent des plans bizarres : mouvement heurtés et brusques de l’image, à-coups, secousses... Dès que Stephan Barron à prit conscience de l’intérêt de ces accidents, il a essayé d’en produire de nouveaux : en donnant des coups de pied dans le pied de caméra, en laissant des panoramiques verticaux se prolonger jusqu’à la butée (provoquant un à-coup dans l’image), en créant des mouvements presque chorégraphiques avec la caméra sur pied ou à l’épaule, et en associant tous les types de plans habituels de cinéma avec ces « plans bougés »...
Mur est une recherche du rythme et de la spécificité de la vidéo. Les plans bougés provoquent des accélérations dans le rythme. Les sons déclenchent les plans bougés qui à leur tour déclenchent une rupture du rythme. La vidéo, c’est aussi une relation au cinéma. Stephan Barron ironise, interroge le cinéma en parodiant et en déstructurant les plans traditionnels : travelling, panoramique, plan fixe ?

Le concept de cette installation est celui de l’enfermement. Le spectateur est enfermé dans l’image, dans la plastique visuelle du mur et dans la plastique sonore du son. Mur impose un retour à soi, un repli, une fuite ou une « fusion jubilatoire dans un torrent furieux visuel et sonore » comme le dit Stephan Barron. Mur appelle à la solitude, sous-entend les idées de
 concentration et de méditation (être face au mur !)Les murs tournent autour du spectateur, l’entraînent vers le haut, vers le bas, sur les côtés. "Un tourbillon de sensations, invitant à s’abandonner dans l’extase du mouvement et du bruit", comme l'explique l'artiste. Dans Mur, Stephan Barron souhaite aller dans la matière, être immergé, ne faire qu’un avec elle.

LUTZIUS Océane (2012-2013)


 

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