"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

31 janvier 2012

Rauschenberg (Robert), Open Score, 1966

Open Score
1966
Robert Rauschenberg

Fiche technique de l’œuvre :
Support: Vidéo d'une performance
Production: Robert Rauschenberg
Diffusion: Disponible sur internet et sur le DVD "9 evenings"
Packaging:
Nombre d'exemplaire:
Présence de date: 14 et 23 octobre 1966
Présence de signature: non
Visibilité sur internet: http://www.youtube.com/watch?v=Sps62Sxafbs
Condition de diffusion et d'exposition: Performance durant le "9 evenings"
Durée estimée: environ 10 minutes
Langue d'origine: Anglais

Présentation
Open Score de Robert Rauschenberg est une performance crée lors du 9 Evenings.
9 Evenings a été organisé par Robert Rauschenberg et Billy Klüver. Il a eu lieu au 69th Regiment Armory de New York du 13 au 23 Octobre 1966.
En 1966, 10 artistes New-yorkais ont travaillés avec 30 ingénieurs et scientifiques issus du Laboratoire "Bell Telephone" pour créer des performances "révolutionnaires" pour l'époque qui intègre les nouvelles technologies : Projection vidéo, transmission sans fil du son, utilisation de sonar Doppler, des technologies qui ne s'était jamais vu dans les pratiques artistiques des années 60. 9 Evenings est la première collaboration de grande envergure entre les artistes, les ingénieurs et les scientifiques. Les deux groupes ont travaillé ensemble pendant 10 mois pour développer des équipements et systèmes techniques qui ont été utilisés en tant que partie intégrante de la performance des artistes. Les 10 artistes impliqués dans l’événement : John Cage, Lucinda Childs, Öyvind Fahlström, Alex Hay, Deborah Hay, Steve Paxton, Yvonne Rainer, Robert Rauschenberg, David Tudor et Robert Whitman. L’équipe d’ingénieurs de Bell Téléphone était dirigée par Billy Klüver et Fred Waldhauer.
Ces œuvres ont été conçues en fonction de la mise en place de nouvelles relations expérimentales entre la vie et les technologies d’une part, la vie et les images de l’autre. Car en 1966, l’emprise des appareils et des images n’est pas encore installée sur nos existences.
Comme Billy Klüver l'a écrit : "9 Evenings est unique dans l'incroyable richesse et l'imagination des performances. L'espace Armory a permis aux artistes de travailler sur une échelle sans précédent, et les collaborations avec les ingénieurs ont ajouté une dimension de défi. Ils ont répondu avec des œuvres majeures. "

 Open Score – Robert Raushenberg - 14 et 23 octobre 1966.
Robert Raushenberg est un artiste plasticien américain. Il est considéré comme l'un des plus grands représentants de l’expressionnisme abstrait, tendance Néo-Dada et comme le précurseur du Pop Art; ses réalisations vont de la peinture à la gravure, en passant par la photographie, la chorégraphie et la musique.
Dans Open Score, on retrouvait Frank Stella et Mimi Kanarek qui se disputaient une partie de tennis, au cours de laquelle le son contrôlait l’éclairage. Le manche des raquettes de tennis fut muni d’un micro qui amplifiait le son de la raquette frappant la balle. Au terme de la partie de tennis, il était prévu que cinq cents spectateurs descendent dans la salle et se tiennent dans un périmètre déterminé d’avance par les artistes et les ingénieurs. Cette action, exécutée dans l’obscurité. Rauschenberg, en maître de cérémonie, dirige ses troupes par différents flashs lumineux qui correspondent à des actions précises à réaliser. Il porte également à bout de bras une chanteuse un peu partout sur le terrain pour créer une bande-son spatialisée.

Cette performance se sépare donc en deux moments distinct :
Premier moment : Deux joueurs de tennis (Mimi Kanarek et Frank Stella) prennent place sur le terrain aménagé au centre de la scène. Des microphones sans fil placés sur les raquettes captent la résonance produite lors de l’impact des balles. Ces données sont transmises par ondes courtes (FM) à deux récepteurs-transistors, et ensuite vers les haut-parleurs. En parallèle, cette résonance déclenche un mécanisme automatisé se découpant sur 36 étapes, qui diminue graduellement le niveau d’intensité lumineuse des 36 projecteurs au plafond de l’Armory. La scène et la salle sont peu à peu plongées dans l’obscurité. La joute s’achève lorsque s’éteignent toutes les sources d’éclairage. Pendant ce premier moment, l’impact des balles est enregistré sur bande magnétique par six magnétophones. La diffusion de cet enregistrement dans le noir facilite la transition vers le second moment.
Second moment : Près de 500 personnes se massent alors sur le plateau et sont filmées par des caméras infrarouges placées au balcon. Chaque participant doit se mouvoir en respectant 10 directives déterminées par Rauschenberg. Ils passent ainsi d’une action à l’autre, en fonction d’indications mémorisées dont la séquence est indiquée grâce au va-et-vient de panneaux numérotés et des flashs lumineux.
Les directives s’énoncent comme suit :
1.      touchez quelqu’un qui ne vous touche pas
2.      touchez deux parties chatouilleuses de votre corps sans rire
3.      faites l’accolade à votre voisin, puis passez à quelqu’un d’autre jusqu’à la prochaine directive (exécuter cette directive avec sérieux)
4.      dessinez un rectangle dans l’air le plus haut possible
5.      essuyez-vous le nez avec un mouchoir (sans vous moucher)
6.      Femmes : brossez-vous les cheveux, rapprochez-vous les unes des autres, puis éloignez-vous.
7.      Hommes : retirez vos manteaux, enfilez-les immédiatement, chantez une chanson que vous entendez autour de vous ou entonnez vous-même un air.
L’image de cette foule apparaît sur trois écrans suspendus devant les spectateurs.
Lors de la performance du 14 octobre, Rauschenberg diffuse une trame sonore pré-enregistrée où des individus s’identifient l’un à la suite de l’autre par leur nom. Cet enregistrement n’est pas utilisé durant la performance du 23 octobre. En revanche, un autre moment s’y ajoute : Rauschenberg traverse le plateau portant le corps emmailloté de Simone Forti. Tout au long de ce parcours, il la dépose ponctuellement au sol tandis qu’elle entonne une complainte en italien.
Également lors de la performance du 14 octobre, le mécanisme d'éclairage est défectueux. Pour simuler cet effet de synchronicité, l’ingénieur Jim McGee doit opérer manuellement le dispositif permettant de couper l’alimentation électrique des projecteurs.

Darien Amandine, 2011-2012

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