"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

27 janvier 2012

Paik (Nam June), Hommage à John Cage, 1958


Hommage à John Cage, musique pour magnétoscope et piano
1960
Nam June Paik

Fiche technique de l’œuvre :
Support: Bandes sonores enregistrées et collées
Production: Nam June Paik
Diffusion: Disponible sur en écoute sur Internet, ou sur la compilation Works par Sub Rosa sortie en 2000
Packaging:
Nombre d'exemplaire: 
Présence de date: 1958-1959, utilisé en performance en 1960
Présence de signature: non
Condition de diffusion et d'exposition: ex position à la galerie 22 de Düsseldorf en 1959, performance scénique en 1960
Durée estimée: 4 minutes 14
Langue d'origine: Coréen

Présentation
D’origine coréenne, Nam June Paik est surtout connu pour son art-vidéo et ses sculptures faites avec des téléviseurs, il est l’un des pionniers des l’art numérique. Ces ses recherches sonores entre la fin des années 50 et 60 qui le mèneront sur les chemins de ses œuvres  les plus célèbres. Il participe dans les années 60 à l’expérience Fluxus, mouvement artistique international à l’esprit provocateur, conceptuel et ludique qui se dit néo-dada.
Hommage à John Cage (1958-1959) est un enregistrement retrouvé seulement en 1999 dans le loft de Nam June Paik, lors d’un recensement d’environ deux mille bandes cinématographique, vidéo et audio non-cataloguées. Il rencontre John Cage  en 1958, cette rencontre résultera de nombreuses références, conflits d’idées, hommages et inspirations mutuelles. Cage sera comme un maître pour Paik qui le sollicite par lettres de nombreux conseils et ne lui cache pas son admiration.
C’est entre 1958 et 1959 que Paik écrit le morceau Hommage à John Cage, musique pour magnétoscope et piano » exposé et écoutable à la galerie 22 de Düsseldorf.
C’est pourtant en 1960 que le morceau expérimental prend tout son sens car même si la bande peut être considérée comme une œuvre à part entière, elle sera surtout diffusée  durant une performance théâtrale et comportementale violente le 6 octobre 1960. Lors de celle-ci $, Paik jouant une balade de Chopin au piano, s’interrompit brusquement pour se diriger tout à coup vers John Cage, se mettant à taillader sa chemise et sa cravate avec des ciseaux et lui versant une bouteille de shampoing sur la tête.
Paik reprend son piano, termine avec une Nocturne de Chopin sur bande accélérée mixée à Petrouschka de Stravinsky, renverse le piano, le piétine, hurle. Nam June Paik devient "l'homme-qui-avait-coupé-la-cravate-a-cage".
Après deux ans de lettres d'hommages, d'admiration et de demandes de conseil, John Cage eu bien du mal à saisir cet acte d'une grande violence comme un hommage, son disciple allait-il trop loin dans la voie qu'il avait lui même prônée?
Pour Paik, ce geste était musique, puisqu'on pouvait introduire dans la musique et dans les instruments toutes sortes de bruits, objets, silences, interruptions, accélérations, gestes incongrus, pourquoi ne pas faire de John Cage lui-même l'objet de sa musique?
Nam June Paik pousse les théories de Cage à leur extrême, l’attrapeur est attrapé, l'élève dépasse-t-il le maître?

Sans signature, 2011-2012






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