"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

3 décembre 2012

Sorin (Pierrick), Nantes projets d'artistes, 2002

Fiche technique de l'œuvre:

Support: Vidéo
Production: Pierrick Sorin
Packaging: Sous forme de reportage
Présence de date: 2002
Présence de signature: Oui
Condition de diffusion et d'exposition: Vidéo présentant des oeuvres fictives .
Langue d'origine: Français

Présentation 

Pierrick Sorin est né en 1960, à Nantes, Pierrick Sorin est artiste vidéaste mais qui c'est aussi essayer plus jeune à la bande dessiné, l'image animée ainsi qu'a la photo. Il réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il se moque, sur un mode burlesque, de l'existence humaine et de la création artistique. Il a réalisé des reportages télé et de faux reportages ainsi que des clips vidéo et a été acteur dans 2 longs métrages. Comme « Nantes, projets d'artistes » ou il se grime en 7 artistes réalisant des projets fou à Nantes, ainsi qu'en le présentateur de ce reportage appelé Folies.
Il créé aussi des dispositifs visuelles dans un but événementiel (communication événementielle). Il a déjà travailler et réaliser des œuvres pour la maison Chanel en collaboration avec Jean Paul Goude ainsi que pour les Galeries Lafayette Haussmann. Bref, Une touche a tout dans l'univers vidéographique. Fervent pratiquant de l'auto-filmage c'est a dire qu'il se filme lui même et est souvent l'unique acteur des histoires qu'il invente et aussi des personnages de fiction incarnés par sa propre personne. Mais l'artiste est aussi un enfant de Méliès: il crée en particulier des petits “théâtres optiques” , mélanges d'ingénieux bricolages et de technologies nouvelles, qui lui permettent d'apparaître comme par magie, dans l'espace, sous forme de petit hologramme et parmi des objets réels. On retrouve dans ses films ainsi que ces théâtres visuels tous les ingrédients classiques du divertissement : le déguisement, le comique de répétition et le gag de music-hall, ce qui les rend d’autant plus familiers et accessibles pour le spectateur. En effet il est partisan d'une attitude artistique qui, tout en étant contemporaine et intellectuelle, reste accessible à un large public.
Ses oeuvre ont été présentées dans les hauts lieux de l'art contemporain: Fondation Cartier, Centre Georges Pompidou, Tate gallery de Londres, musée Guggenheim de New-york, Métropolitain Museum of photography de Tokyo...


Pierrick Sorin, ici, pose la question de la réalité et de la fiction. Comment un projet réel peut contenir une multitude de projets fictifs ?

I. Description et analyse générale de l'oeuvre vidéographique réel
Ce projet est une réalisation vidéo d'une série de projets fictionnels monumentaux réalisé par ordinateur (traitement numérique de l'image) dans des espaces publiques extérieurs de la ville de Nantes, elle est présenté sous forme de documentaire à propos de la commande publique tout à fait classique et sérieux. « Nantes, projets d'artistes » 2000 est une œuvre qui réunis bon nombre des idées de travaux de Pierrick Sorin. En effet elle reprends son principe d’auto-filmage puisque les 7 artistes ainsi que le présentateur de ce cours-métrage ne sont autres que lui même. Habilement grimé, le visage maquillé, avec des costumes, il joue le rôle de plusieurs “jeunes artistes européens” ayant tous les attributs d'artistes (bloc note, pot de peinture, ordinateur..). Il façonne chaque attitude en fonction de la personnalité du personnage. (Ex : l'artiste portugais est exalté, l'artiste anglais est un peu intello, prétentieux, comme l'espagnol qui se double de la figure du mélancolie ; l'artiste hongroise est vaguement inhibée, la photographe allemande est d'une sensibilité excessive, quant à l'artiste grec, il s'agit carrément d'un mégalomane animé par les goûts les plus kitsch. Le dernier Pierrick Sorin, le natif de Nantes, donne l'impression d'être un gentil pervers). Sorin est filmé en playback doublé par une voix qui s'exprime dans la langue de l'artiste pour faire comme si il communiquait directement devant la caméra. Comme dans tous les reportages de ce type, une voix Off traduit ce que dit l'artiste en français. Les artistes présentent et commentent sur le terrain, leurs projets les plus fous qui sont fictionnels mais qui sont inscrit dans la réalité des différents paysages urbains. Ce cours métrage, faux documentaire sur des artistes, personnages de fiction présente 7 projets Fous, d'ou le nom du reportage « Folies » Pierrick Sorin veut se moquer de l'art, de la posture des artistes souvent trop loin du spectateur moyen ainsi que des documentaires artistiques. Cette œuvre mêle poésie et avec une certaine ambiguïté une critique des ambitions politiques dont l'art est le vecteur. Pierrick Sorin se met lui-même en scène pour incarner plusieurs artistes européens aux projets tous plus loufoques les uns que les autres. Il y questionne donc la légitimité des artistes, dénonce leur posture et d’une façon plus générale il déconstruit leur travail au cours des quarante dernières années : photo, peinture, danse, sculpture, musique, cinéma, vidéo …
Référence : Ce film est une parodie des documentaires à vocation "culturelle" que l'on peut -ou que l'on a pu voir à une certaine époque- sur des chaînes de télévision comme Arte ou la 7. La forme emprunte aux codes de ce type d'émission destinée à un public choisi. L'ambiance et le cadre sont gentiment extravertis, mais toujours avec mesure. Pierrick Sorin provoque le rire en incarnant des types d'artistes que l'on a forcément croisés un jour ou l'autre et dans lesquels nous retrouvons tous les défauts spécifiques à la profession.
Ces expériences plastiques diverses sont traversées par des thèmes récurrents. En particulier par ce doute absolu sur la valeur des objets artistiques, sur celle de toute activité humaine. L'enfermement insoluble dans des problèmes existentiels et le repli sur soi qui conduit jusqu'au dédoublement de la personnalité, comptent aussi parmi les idées qui fondent son travail. Sorin lui-même parle ici de lui à la troisième personne du singulier. Comme s'il était un autre, comme si de toute manière dire “je” ou faire appel à une voix extérieure à soi-même n'avait guère d'intérêt et d'importance.
Citation :
« Pour moi le rire est un déclencheur d’émotions pour le spectateur. Il permet de l’accrocher, de l’emmener ailleurs, de lui mettre sous les yeux une réalité humaine à partir de laquelle il y a matière à s’interroger. Le rire c’est finalement très pédagogique ! » P. Sorin

II. Description d'un fragment fictionnel : 2 projets en particulier
Le présentateur qui n'est d'autre que P. Sorin présente des projets fous de part leur coté « spectaculaire et monumentale » l'objectif étant de « bouleverser le paysage urbain ».

1.     (10’57- 14’36) Kriqui Perrone, Artiste espagnol
C'est un artiste espagnol, plutôt sombre, handicapé depuis l'enfance qui semble pourtant travailler depuis plus de 20 ans sur le corps en mouvement, la danse ce qui paraît pour le moins paradoxale ( Artiste sombre – projet joyeux) ( Handicapé depuis l'enfance - corps en mouvement ). Quand il arrive en camion de location on peut voir un hologramme sur celui ci avec l'inscription : «  Dancers at the top » . Son projet veut faire apparaître des danseurs des plus joyeux sous forme holographique sur le toit du théâtre de la ville. Ces hologrammes ne sont pas vrais, ils sont rajoutés par ordinateur il faut le savoir.
Référence : praxinoscope-théâtre d'Emile Reynaud dans lequel on voit le personnage s'animer à l'intérieur d'un décor fixe par un jeu de reflet sur une plaque de verre incliné. (Emile Reynaud, Autour d'une cabine)  



Il crée tout un projet pour que ce soit les habitants de la ville qui dansent tous alignés. Ce projet est donc en interactivité avec les nantais, faisant de la participation l'élément le plus important de son œuvre, il créé même un camion ambulant a cet effet. Il inscrit son œuvre dans des références classiques avec les structures de faitages. Il rajoute en plus un aspect moderne avec l'utilisation de « Technologies d'avant gardes » de part l'utilisation d'hologrammes. Il y a la création d'un système itinérant pour diffuser l'oeuvre sur d'autres toits d'immeuble ainsi que la création d'une station de radio pour pouvoir regarder les hologrammes avec une musique qui correspond à l'oeuvre, tout cela pour éviter la nuisance sonore. Il a une réflexion sur l'impact de son œuvre. Tous ces éléments crédibilisent l'oeuvre et fond que le spectateur de la vidéo se dis que tout est réel, que cela existe vraiment à Nantes.

2.     ( 20'12 – 23'02 ) Pierrick Sorin, artiste français
Pierrick Sorin se montre ici sous son vrai visage, Il a une présentation comme tous les autres artistes avec un rappel de ses principes artistiques. (Principe de l’auto-filmage) Son œuvre fictive est a mis chemin entre la sculpture et le cinéma. Son projet est l'envie de créer une sorte d'hallucination visuelle pour les gens qui sont dans le tramway Nantais. Cette œuvre qui marche seulement la nuit, fait apparaître un corps qui est tout d'abord masculin puis qui se transforme en femme, tout cela dure seulement 2,3 secondes. Le rajout par ordinateur de ces statues fait que le projet semble complètement réel, d'autant plus que le projet marche tout a fait. Apparaissant comme un gentil pervers, il veut que la personne pense que c'est un fantasme . Là encore tout le dispositif est expliquer : présence de statues faites à partir de moules en latex, non présence de technologies de pointe, explication de toutes les caractéristiques du dispositif flash intermittent permettant à chaque statue d'apparaitre… Chaque détail est présent pour rendre le projet réel. Comme avec l'artiste précédent, tous ces détails, ces explications ne font que donner la crédibilité à son œuvre .
Référence : L'homme sans tête, Méliès.




Les œuvres sont pour le moins délirantes mais leurs intérêt est soigneusement justifié, soit par l'artiste lui-même, ou par le commentaire en voix-off. La justification ce fait sur les plans artistique, économique, scientifique, culturel, topographique, social, relationnel ou sur celui de l'affectif et de la valeur ajoutée à la ville de part ces projets.

Pierrick Sorin en incarnant toutes ses personnalités, ne cesse d'interroger le monde artistique, les artistes contemporains eux même en les décrédibilisant de part tous ces projets loufoques d'artistes ont peut le dire aussi loufoques dans leurs façons d'agir et de penser. On peut y voir une critique d'un art contemporain des fois trop loin des préoccupations et de l’intérêt d'un publique lambdas et un certain sens de l'auto dérision de la part de l'artiste lui même. De plus « Nantes, Projets D'artistes » vas a l'encontre de nombreuses propositions de commandes publique. La notion de commande publique réelle admet une réponse purement fictionnelle voulant apparaître comme réelle de la part de Pierrick Sorin. 

Alexandre Peyron (2012-2013)

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