Support: Video.
Production: Pierrick Sorin.
Packaging: sans
Présence de date: 1988.
Présence de signature: Oui
Visibilité sur
internet: https://www.youtube.com/watch?v=mjdssddnBXc
Condition de diffusion et
d'exposition: exposé au musée.
Langue d'origine: français.
Présentation :
Les réveils de Pierrick Sorin est un film
super 8 de 5 minute, dans lequel on voit Pierrick Sorin lui même qui se filme
tous les matins au moment où il se réveille. Il est fatigué et promet de se
coucher tôt. Il y a 28 plans différents. Le fait qu'il soit tourné en super 8
une notion du film de famille est ajoutée, l'image est de moins bonne qualité
et les mouvements sont moins précis. "Le comique lorsqu'il ne se limite
pas à des soubresauts intempestifs, dissimule un gouffre." Pierre
Giquel. Je me suis alors demandé en quoi le travail de Pierrick Sorin
est en fait en quelque sorte un film autobiographique.
Le principe d'auto-filmage pourrait amener à penser qu'il s'agit d'un
narcissisme mais bien au contraire il s'agit d'auto dérision. Il se pose en
idiot mais se rôle est en fait celui qui le délivre de tous les rôles, comme
une façon de se libérer d'une société qui dicte les comportements. Cette
pratique de l'autodérision devient une façon de se maintenir en vie, de
protester, de se moquer des valeurs du monde adulte. Jean Marc Huitorel dit de
Pierrick Sorin : "Solitaire, Sorin, mais paradoxalement, pas narcissique
pour lui même plutôt narcissique collectif, de notre narcissisme à tous. En
effet, le principe d'auto-filmage permet une identification du spectateur
qui s’opère même quelques fois à nos dépens. Dans cette vidéo, le
fait qu'il soit tourné en super 8 ajoute une certaine idée d'autobiographie.
Mais aussi il se modèle et se prend comme un objet comme dans
l'autobiographie où la personne se présente elle même, se modèle à sa
façon. Cela me fait penser au travail de Noah Kalina qui s'est filmé pendant 12
ans tous les jours.
Mais ce principe d'humour qui
se dégage un mal aise chez l'artiste, il se présente sous son pire état peut
être pour se cacher derrière cette image de comique. Il connait bien le
spectateur et anticipe nos réactions, il sait que le rire peut servir pour nous
cacher et lui se cache notamment par ce système. Il nous prend
à témoin en dépliant ses frustrations, ses erreurs ordinaires. Il autorise par
le rire que s'exprime le défendu, on espère en savoir plus, dans
cette vidéo, mais Sorin jubile et nous laisse pantois. Finalement une relation
de l'ordre de l'intime se crée entre lui et nous, il nous fait rentré au plus
prés de son quotidien.
Mais Pierrick Sorin fait
passer ses idées à travers son travail notamment sa critique de la société. La
caméra devient comme un miroir, miroir d'une génération mais aussi de lui même.
Il montre le repli, la désespérance, la solitude. Pour Sorin le comique
n'exclut pas le pathétique. Le fait que ces oeuvre se retrouvent au
musée devient une critique de ce lieu social, puisque dans ce lieu les
comportements sont soustraits aux lois du silence et de la bienséance. Le monde
de l'art pour Sorin est un monde élitiste, on peut lié ces idées à celle
de Jean Dubuffet était un artiste délibérément opposé aux formes et
usages d'une sphère qu'il voyait moribonde. On peut aussi
faire écho au mouvement Fluxus dans ces idées. Sorin a notamment effectué une
action où il a collé des fausses "crottes de nez" sur
des oeuvre d'art reconnus.
Au final, on peut dire que l'oeuvre de Pierrick Sorin semble quelque chose
de simple et de l'ordre du comique mais cela semble cacher beaucoup d'indices
sur la personne de Pierrick Sorin. Il joue avec le spectateur, critique de la
société, et où le comique semble être un bon moyen pour faire passer des
idées.
Gaëlle Chevalier (2012-2013)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire