Fiche technique de
l'œuvre:
Support: programmation
numérique et projection au sol et mur lors de spectacle vivant
Production: Adrien Mondot & Claire Bardainne
Packaging: sans
Présence de date: 2010
Visibilité sur internet:
http://www.am-cb.net/
Condition de diffusion
et d'exposition: spectacles
Langue d'origine: français
Le travail d’Adrien Mondot et de Claire Bardainne propose
une rencontre entre le spectacle vivant et les arts numériques. Leurs
spectacles, propositions et expositions sont tous issus d’une confrontation
entre le réel et le virtuel, entre le vivant et le fictif.
Images de synthèses en 3d, capteurs de mouvements et
interactivité sont autant de possibilités qu’offrent le numérique aujourd’hui à
ces artistes de la scène. La scène, c’est là où se déroule la fiction, c’est là
où s’agite la magie pour quelques heures. La salle de spectacle comme celle de
cinéma, est le lieu de rencontre entre rêve et réalité, le lieu où le
spectateur oublie SA réalité pour mieux vivre le rêve. Un espace nouveau est
ouvert, un espace qui s’offre entre l’ouverture et la fermeture des rideaux, un
espace hors du temps, des histoires qui se racontent dans lesquels le temps est
contracté, étiré, différent. Un film de deux heures dure la vie entière d’un
héros, que nous semblons vivre comme telle. Un spectacle qui se déroule dans un
lieu imaginaire comme une forêt ou un désert, est réel le temps de sa durée
scénique. La scène est comme une mise en abyme de notre monde, c’est un tableau
dans un tableau, un espace dans un espace. Depuis toujours, le théâtre, le
cirque, la danse, la musique, la peinture et la littérature nous transportent
dans d’autres lieux. Ce sont des moyens de décloisonnement entre le rêve et
notre réalité. Comment par l’insertion de ces nouvelles technologies dans le
monde de la scène, Adrien Mondot et Claire Bardainne, vont-ils aller
encore plus loin ? Bousculer toutes notre perception de l’espace, des
espaces, du temps et des temporalités ? Comment les frontières entre le
réel et le virtuel vont-elles-êtres poussées jusqu’à leur maximum ?
Quelles relations l’individu entretient-il à son environnement grâce à
l’interactivité ?
Le processus de leur travail est finalement assez simple, en passant par la
danse ou le jonglage, Adrien Mondot et Claire Bardainne explorent simplement
l’univers du décor avec des médiums numériques. Il ne s’agit plus de créer des
décors en carton-pâte ou en bois, tout est numérisé et programmé. Pourtant
au-delà de projeter un paysage sur un écran de fond par exemple, Adrien Mondot
et Claire Bardainne grâce au logiciel qu’ils utilisent, e-motion, le
« décors » numérique n’est plus juste une toile de fond mais un
véritable lieu d’échange entre le corps et la projection.
Dans tout leurs spectacles, le dispositif numérique est
le même, il s’agit de la projection d’une animation programmée sensible aux
signaux du monde réel, au sol et sur un écran frontal. La personne qui performe
sur scène, évolue dans un univers virtuel et interagis avec celui-ci.
Plastiquement, le duo de programmateurs n’utilise pas d’images issues du monde
réel mais uniquement des images de synthèses. Les lettres et les paysages
modelés sont deux formes plastiques qui surgissent souvent dans leurs travaux.
L’univers est poétique, éphémère, mobile, organique, aléatoire.
L’esthétique de leur travail est particulièrement
connotée à une iconographie de l’espace au sens cosmologique du terme. Une
référence qui ne semble pas hasardeuse pour ces artistes, puisque s’il y a bien
un espace qui reste à l’heure actuel toujours irreprésentable pour l’homme
c’est bien celui du cosmos. Une iconographie existe déjà belle et bien, mais
elle reste limitée car nous ne savons rien de l’espace qui se trouve au-delà de
notre galaxie, la notion d’infini nous reste inconnue.
Pourquoi représenter l’espace ? Serait-ce une
manière de le maîtriser ? De se l’approprier, de mieux le
comprendre ? Les questions de représentation de l’espace soulevées par
Adrien Mondot et Claire Bardainne ne sont pas des questions de plasticiens
uniquement, mais également celles des scientifiques, des intellectuels, des
politiques, des religieux. Ce sont les questions des hommes : où
sommes-nous, qu’est-ce que cela peut-il bien être ? L’universalité de ces
questions propres à toutes les civilisations, croyances et sciences, est un
excellent moyen de justifier le croisement des disciplines dans la pratique de
la scène numérique. La science et l’art se complètent et s’entre-aident dans la
recherche de réponses aux mêmes questionnements.
Adrien Mondot et Claire Bardainne interrogent les
questions de l’infiniment petit et de l’infiniment grand, autant de questions
posées par la science, une association qui semble donc pertinente.
La spécificité du travail des deux artistes réside en
particulier dans l’utilisation d’un logiciel appelé e-motion, programme
informatique d’animation en temps interactif. Il permet de créer des
interactions entre les images projetées et le mouvement humain issu du monde
réel.
Notre corps est l’outil qui modifie l’espace grâce au
dialogue entre celui-ci et la machine. Il s’agit du même principe dans les
spectacles de Mondot et Bardainne, le corps dialogue avec la machine pour
modifier un espace, créer un espace. Il agit comme un pinceau vivant, dont les
mouvements peignent un décor. (Réf.,
Anthropométries, Ives Klein, 1960). Mais n’est-ce finalement pas toujours
ce qu’a été le corps vis-à vis de l’art ? Un outil qui détermine la
trajectoire et la prise de forme d’une matière ? La peinture prend forme
grâce à la main qui dirige son trait, la sculpture nait du mouvement des mains
donné à la matière. Finalement la pratique de la scène numérique ne serait-elle
pas une pratique de la sculpture d’un espace dont la matière est simplement
virtuelle ?
(Réf., Chunky Moove, Glow,
biennale de la danse de Venise, 2010)
Emily Evans (2012-2013)
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