"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

28 février 2012

Burroughts (William) et Balch (Antony), The cut-ups, 1966

The Cut-Ups
1966
William S. Burroughs et Anthony Balch

Fiche technique de l’œuvre :
Support : vidéo
Production: William S. Burroughs et Anthony Balch
Diffusion : disponible sur internet
Packaging :
Nombre d’exemplaire :
Présence de date : 1966
Présence de signature : non
Visibilité sur internet : http://www.ubu.com/film/burroughs_cut.html
Condition de diffusion et d’exposition :
Durée estimée : 19’ 38’’
Langue originale : anglais

Présentation   
            Cette œuvre est une vidéo datant de 1966, en noir et blanc qui dure 19 minutes 38. Cette vidéo est en réalité un film expérimental scénarisé par William S. Burroughs et tourné par Anthony Balch (cinéaste).
William Seward Burroughs, plus connu sous le nom de William S. Burrroughs était un romancier célèbre, connu pour ses romans hallucinés, mêlant drogue et homosexualité. Il appartenait à la « Beat Génération » ou « Génération Perdue ». La « Beat Génération » est née dans les années 1950. C’est un mouvement qui a ébranlé la société américaine dans ses certitudes. Il a directement inspiré aussi bien les mouvements de mai 1968 que l’opposition à la guerre du Vietnam  ou les hippies de Woodstock. Il est le précurseur du mode de vie de la jeunesse américaine des années 1960. Les artistes de la « Beat Génération » et particulièrement William S. Burroughs, tentaient de reproduire les visions dues aux hallucinogènes, les impressions de « déjà vu » ou encore tentait d’explorer l’inconscient. D’autre part, William S. Burroughs est aussi très connu pour son utilisation du « cut-up ». Le « cut-up » est une technique dans laquelle un texte ou plusieurs textes différents  se trouvent découpés au hasard puis réarrangés pour produire un texte nouveau. William S. Burroughs écrivit de nombreux romans dans lesquels on découvre des « cut-up » effectués à partir d’extraits de romans de Shakespeare et autres grands auteurs. Ces romans furent pour certains adaptés sous forme de films expérimentaux au moyen du « cut-up ».
            En réalisant ce film, le duo Burroughs - Balch voulait réaliser quelque chose d’original par le biais du « cut-up ». Le film est un montage de plusieurs routines à des vitesses différentes ; par exemple : premièrement, on voit Burroughs qui se promène. Puis, quelqu'un danse dans la rue. Puis, une peinture de Gysin. Puis, une sorte de machines à multiples facettes qui tournent. Et, Burroughs habillé comme un médecin, examinant un enfant, etc … A chaque fois ces séquences sont d’une durée égale (à l'exception de la dernière).  Le film est divisé en 4 parties, la dernière étant plus longue.
Les différentes scènes n’ont pas étaient montées ensemble afin de ne pas former de récit mais plutôt une sorte de montage abstrait, qui n’a pas vraiment de sens. Anthony Balch voulait que « chaque scène soit juste assez longue pour que le public ait à peine le temps de percevoir de quoi il s’agit ». Balch a également expérimenté différentes vitesses de films, par exemple, il utilise du 16 images par seconde à plusieurs reprises pour continuer à désorienter le spectateur.
 L’image est aussi accompagnée d’une voix off conçue par Somerville (ingénieur informatique, ami de Burroughs). Cette voix off contient des paroles de Burroughs et de son ami, le peintre Gysin (premier homme à avoir utilisé les « cut-ups »). Tous deux  répètent les phrases permutées suivantes : " Oui / Bonjour / Regardez cette photo / Cela vous semble t’il être persistant? / Bon / Merci ". Ces phrases sont des instructions provenant d’un test auditif de Scientologie. La bande son a été faite de façon totalement indépendante de l'image mais fonctionne exactement sur la même quantité de temps ce qui ajoute une autre couche de perturbation, étant donné que le public n'est pas habitué à entendre la voix utilisée de manière abstraite, séparée de l'image. On peut donc dire que les deux hommes souhaitaient produire une œuvre anti-conventionnelle, déroutante, qui amène le spectateur à se questionner sur ce qu’il voit, ce qu’il entend et comprend.
Enfin, pour recontextualiser cette œuvre, on peut prendre l’exemple du film « Requiem for a dream » de Darren Aronofsky, qui s’inspire de l’œuvre de William S. Burroughs ou tout du moins de sa pensée et de celle de la « Beat Génération » qui consiste à mettre en évidence entre autres, des sujets comme la toxicomanie,  l’opposition sociale et  politique,  le malaise et la remise en cause de l’individu au sein de la société dans laquelle il vit.

Dirand Lucie, 2011-2012


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