"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

8 octobre 2012

Foldes (Peter), Hunger, 1974

Foldes (Peter), Hunger, 1974
Fiche technique :
Nom : Peter FOLDES
Titre : Hunger
Support : Vidéo de dessin d'animation sur ordinateur
Présence de date: 1974
Condition de diffusion et d'exposition: Cinémathèque Québecoise
Durée estimée: 11min
Langue d'origine: anglais

Présentation & Analyse:


Le réalisateur Peter FOLDES travaille dans les années 70 avec le CNRC (Office National de Recherche du Canada). Ce travail en collaboration a permis à P. FOLDES d’achever plusieurs courts-métrages comme Hunger de 1974.
                Cette vidéo est un dessin d’animation qui permet à l’artiste de jouer avec son personnage sans limite. Il ne s’en prive pas puisqu’il le fait grossir exagérément à la fin du court-métrage ou encore transforme la carte du menu en femme. Beaucoup de détails comme cela qui rappellent l’anthropomorphisme et nous plonge en même temps dans une narration qui frôle le cauchemardesque. En plus de ce procédé, FOLDES utilise la bande son de Pierre BRAULT qui donne un aspect inquiétant à la vidéo. Un rythme qui calque notre battement de cœur et un son mécanique, la somme des deux trouble le spectateur. Il y a aussi la tournure que prend le film d’animation, plus l’homme grossit plus les dessins prennent des proportions étranges, comme lorsqu’il mange chez lui où il se retrouve avec une dizaine de bouches, ou ben lorsque la femme se transforme en poêle. Cette vision se retrouve dans la vidéo de W. KENTRIDGE, Ubu tells the truth de 1997. Même utilisation de l’anthropomorphisme, pour souligner le caractère effrayant de sa vidéo.
A la fin d’Hunger, le personnage fait lui-même un cauchemar où il se voit manger par des petits bonshommes affamés n’ayant que la peau sur les os. Et c’est là que l’on comprend où voulait en venir l’auteur : La critique qu’il fait sur l’inégalité de la faim dans le monde. Toute la vidéo tourne autour de la nourriture : l’épicerie, le restaurant, le supermarché, et à la maison, une caricature de l’homme via cet homme en costar cravate. Une caricature que l’on retrouve dans le dessin, avec des traits exagérés. Le titre, Hunger qui a été traduit par La Faim, indique d’emblée le thème abordé. Lorsque l’on connait le titre original que devait avoir cette vidéo La Faim dans le monde on comprend la satire que fait P. FOLDES dans son œuvre. Duane HANSON a lui aussi fait une critique de notre société de consommation par une sculpture en résine et de plusieurs matériaux de récupération, Supermaket Lady. Une grosse femme qui se rapproche du personnage dans Hunger. Créée en 1969, cette œuvre est réalisée à la même époque que la vidéo de P.FOLDES donc se confronte aux mêmes problèmes sociaux.  
L’espace dans la vidéo joue aussi un rôle important, FOLDES utilise un aplat bleu, rose ou orange en arrière plan qui permet normalement d’arrêter l’imagination du spectateur, ce qui est en contraste avec le dessin au trait de couleur noire qui montre des scènes quotidiennes (l’épicerie, le supermarché…) et donne de la perspective à la vidéo. C’est alors que le spectateur peut se plonger dans cette vidéo et dans un deuxième temps réfléchir à ce que dénonce l’auteur.
On peut aussi mettre en parallèle les animations du dessinateur Osvaldo CAVANDOLI qui, dans les années 70, réalisa des petites vidéos à partir de ces dessins. Toujours nommé La Linea, ces séries sont faites à partir d'une seule ligne blanche avec derrière un aplat. Cette façon de dessiner rappel celle de P. FOLDES. Une continuité qui se fait dans les deux films d’animations, sans jamais lever le crayon ils arrivent à faire vivre leur histoire et à capter le spectateur.


2012-2013

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