Csuri (Charles), Hummingbird, 1968
Fiche technique de l'oeuvre:
Titre: Hummingbird
Support: Vidéo
Production: Inconnue
Diffusion: Musée d'Art Moderne de
New-York
Packaging: Aucun
Nombre d'exemplaire: Inconnue
Présence de date: 1968
Présence de signature: Charles Csuri
Visibilité sur internet: http://www.youtube.com/watch?v=awvQp1TdBqc
Condition de diffusion et d'exposition: Rien de
particulier
Durée estimée: 2 m 10
Langue d'origine:Anglais
Présentation de l'oeuvre:
Après un cursus artistique,
Charles Csuri devient enseignant a l’Ohio State
University ou il y créé un laboratoire de recherches dans lequel art
et science se répondent. Il est aujourd’hui considéré comme étant l’un des
pionniers de l’art informatique et de l’animation numérique.
C’est dans cette recherche de
nouveaux moyens que Csuri en vient à considérer la machine comme un véritable
outil de création, entraînant entre 1960 et 1964 ces premières
expériences en infographie, puis en 1965 les animations numériques.
Csuri crée en 1968, cette animation
intitulé Hummingbird (colibris). Pour ce faire il utilise un
IBM 1130, il s’agit d’un ordinateur datant de la fin des années 60 et du début
des années 70 (plus particulièrement utilisé dans les laboratoires) et de
cartes perforés, ce qui est l’équivalent d’un programme informatique.
Analyse de l'oeuvre:
Suite a la visualisation de cette
œuvre et a l’évocation du parcours de l’artiste, nous nous demanderons en quoi
cette animation interroge sur la perception du spectateur vis-à-vis de l’œuvre
numérique ?
En effet, cette œuvre met en évidence
plusieurs notions. On retrouve tout d’abord le thème de la transformation, en
effet, dans sa quête de stimulation artistique par le biais de l’informatique,
Csuri peut montrer en direct les possibilités artistiques de métamorphose, de
remise en question du fond de la forme d’un model, et de casser les lignes qui
composent le dessin pour voir au-delà du simple contour. On retrouve donc la
notion de morphing, qui consiste à transformer une image en continue, ce qui
permet d’avoir l’œil toujours en mouvement, le regard du spectateur
n’est pas figé et l’oblige à garder son attention toujours en éveil. On peut
également dire que la curiosité du spectateur est mise en jeu grâce a ce
processus, puisqu’il cherche a reformer une nouvelle image au fur et a mesure
que la première se décompose. De plus le spectateur qui regarde cette animation
remplis également la fonction (indirect) d’acteur. Par rapport au tracé de la
ligne, qui se dessine au fur et a mesure du regard du spectateur, les deux
actions faite de manière simultané (vison du spectateur et tracé de la ligne)
rappel la pratique réelle du dessin qui consiste a construire une ligne en la
suivant du regard. On peut donc dire que le spectateur ne reste pas passif
devant ce processus de transformation de l’image de la même manière que dans l’œuvre
de Manfred Mohr, space-color, datant de 2002-2004, ou l’artiste
conçoit et construit des petits PC pour exécuter son programme
"space-color" . Les images sont visualisées sur les écrans plats à
cristaux liquides dans un mouvement lent et non répétitif. Invitant la aussi le
spectateur a rester concentré sur les changements constant de forme.
Qui dis transformation dit plus précisément, en ce qui
concerne cette vidéo, fragmentation. En effet cette image se transforme via la
fragmentation. L’Œuvre se divise en 2 temps, on a le temps de la composition de
l’image, et le temps de la décomposition. Ce qui signifie que l’animation n’est
pas que la création, elle peut aussi être source de destruction, ce qui remet
en question notre rapport classique a l’œuvre, qui est de voir le processus
achever et figer en temps qu’œuvre aboutit. Ici l’image est en perpétuelle
recomposition, ce qui implique qu’il n’y a pas de « résultat »
attendu, pas de but final, mais plutôt une continuité. Tout comme le démontre
également l’artiste Edmond couchot et Michel Bret avec l’œuvre numérique
interactive Les Pissenlits, de 2005. Dans cette œuvre, 9
ombelles de pissenlit sont éparpillées par une brise virtuelle correspondant au
souffle réel que le spectateur dirige sur l’écran. Il y a là d’une part le
rapport très important entre le spectateur et l’œuvre, celle-ci se vit de
manière différente pour chacun, qui fait sa propre expérience de
« contrôle » sur ce qui va se passer, tout comme le spectateur essaye
de contrôler ce que l’animation de Csuri crée. De plus, les deux artistes ont
choisi le pissenlit qui s’envole, faisant se décomposer l’image première, on a
donc également une déconstruction puis une reconstruction au moment ou le
pissenlit se reforme, invitant le spectateur à renouveler son action pour crée
une nouvelle œuvre a chaque souffle.
Cette continuité inclus un rapport de
l’œuvre au temps. L’œuvre peut se recomposer et se décomposer infiniment,
proposant ainsi une nouvelle vision (abstraite) à chaque fois. De plus, toutes
les actions se font dans une certaine lenteur. C'est-à-dire que le tracé se
fait à la même vitesse que s’il était fait de la main de l’homme. Ce temps
plutôt long joue une nouvelle fois en faveur du spectateur qui a le temps de
visualiser la progression de l’œuvre et lors de la décomposition, il a le temps
de recomposer son regard au fur et a mesure.
Se renouvellement du regard
nous entraîne à nous demander ce que nous voyons vraiment. En effet
on passe d’une image en construction qui nous apparaît donc
abstraite, puis pendant environs trois secondes nous avons l’image dans
sa totalité qui figure un élément concret, réel qui est le colibri, pour
retombé dans l’abstraction en suivent le processus de fragmentation. Cette idée
du chaos final de l’œuvre rappel les œuvres de Michal Noll, par exemple dans Computer composition With Lines, datant de 1964,dans laquelle Noll entre dans son
ordinateur des bâtonnets horizontaux et verticaux pour composer un dessin, qui
s’avère être une interprétation numérique des toiles de Mondrian. Le résultat
final équivaux a la même abstraction numérique de chez Csuri .
On peut donc dire que l’œuvre
numérique n’est pas dans l’optique de figer l’œuvre mais plutôt de jouer avec
les possibilités de mouvement qui s’offre à nous.
LAY Marie-Camille, 2012-2013
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