"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

13 mars 2013

La folie à deux, LawickMuller (1992-1996)



Fiche technique de l'œuvre:
Support: Photographie
Production:
Diffusion:
Packaging:
Nombre d'exemplaire: 32
Présence de date: Oui 1992-1996
Présence de signature: Oui
Visibilité sur internet: Oui
Condition de diffusion et d'exposition: 
Durée estimée:
Langue d'origine:


L'art numérique s'est développé au début des années 1980 comme genre artistique. L'œuvre que nous allons analyser fait partie de ce nouveau genre. Il s'agit de La folie à Deux de Lawwick/Muller. Fredicke Van Lawick et Hans Muller sont un couple d'artistes allemands. Ils commencent leur collaboration en 1990. Comme un certain nombre d'artistes contemporains ils travaillent en couple. Ils créent alors un seul nom pour unifier leur collaboration: Lawick/Muller. La série de photographie La folie à Deux est réalisée entre 1992 et 1996. Ce sont des portraits effectuant la synthèse de deux individus se connaissant bien car il s'agit de couple. Chaque visage est pris séparément sur le mode du photomaton et est modifié grâce au principe du morphisme. Ces images sont petit à petit mixées et en 16 ou 12 clichés l'un devient l'autre et inversement. Ainsi le cliché 8 ou 9 est un parfait androgyne. Nous allons voir comment, par une réflexion sur le travail du langage artistique de couple, Lawick/Muller montrent une tension entre symbiose et l'affirmation de l'individu. Dans un premier temps nous verrons l'apparition d'un être androgyne par la fusion de deux personnes. Puis nous verrons qu'à partir de deux portraits multipliés et modifiés, Lawick et Muller font ressortir les différences de chaque individu.
Ces artistes qualifient leurs travaux de Métaportrait :Un des personnages du couple se métamorphosant en l'autre personne. Dans cette série il y a 32 Métaportraits constitués de 16 ou 12 photographies faisant chacune 28x21 cm. Les photographies sont prisent dans le même style que celles de Thomas Ruff dans sa série Portrat. C'est à dire avec un point de vue frontal face aux sujets inexpressifs, avec un fond neutre et un cadrage systématique. La seul différence est que chez Lawick et Muller on ne voit pas les habits. Pour répondre à la problématique nous allons nous intéresser plus particulièrement au Métaportait de Prinzgau et Podgorschek réalisé en 1996. On peut voir ici que les photomatons 8 et 9 ne représentent pas les individus modèles. De plus nous avons du mal avoir si il s'agit d'un homme ou d'une femme. Dans cette fusion on peut reconnaitre les sourcils fins de Prinzgau et les cheveux gris de Prodgorschekmas en ce qui concerne les autres caractères physiques de cet androgyne on a du mal à voir à laquelle des deux personnes ils appartiennent. Valerie Belin elle aussi nous fait émettre des doutes sur l'origine de la personne photographiée. Dans ses séries de portraits on se demande s'il s'agit de poupées de cire ou de mannequins de vitrine ou bien encore de vrais personnes en chair et en os. Ces portraits ne montrent pas la moindre identité ou personnalité. On assiste aussi à cette perte d'identité au niveaux des photographies 8 et 9 avec les Métaportraits de LawickMuller. L'un devient l'autre mais lors du chemin de l'un à l'autre les photographies ne représente aucun d'entre eux.Cet être androgyne est le résultat d'une tension dans le couple. Ces couples modelés sont tiraillés entre le fait de former qu'un dans leurs travaux artistiques et le fait de s'exprimer en tant qu'être à part entière. Marina Abramovic et Ulay ont aux aussi représenté cette tension dans le couple avec l'œuvre Relaton in Time. Ils sont attaché l'un à l'autre par les cheveux. Cet exemple est tout au plus intéressant car LawickMuller à fait un métaportrait de ce couple. Dans ces deux exemples, une confusion apparaît. On à l'impression que l'un sans l'autre, ils ne sont plus rien. Ils sont UN couple et donc une unité. On a l'impression qu'ils n'ont plus lieu d'exister l'un sans l'autre.Mais pour éviter les tentions est-ce que le cours métrage d'animation d'Eléonore Crémosése Head over heels n'aurait pas trouvé la solution? Ce cours métrage d'animation raconte la vie d'un couple qui ne se regarde plus. La solution qu'ils ont trouvé pour tout de même cohabiter et de vivre l'un par terre et l'autre au plafond.
LawickMuller utilise le principe du morphisme pour transformer une femme en un homme. Il s'agit de modifier entre chaque portrait un détaille du visage de l'un pour le transformer en un détail de celui de l'autre. De plus la lecture de ces images se fait de gauche à droite puis on va à la ligne comme on lirait un livre. Par sa disposition le métaportrait nous raconte une histoire. On peut voir aussi que les métaportraits sont constitués de 16 images. On peut alors faire la relation avec le cinéma qui, à ses début, comprenait 16 images par secondes. Cette transformation est donc plutôt fluide. Mais si on regarde d'un peut plus prêt on arrive avoir ce qui change d'une photographie à l'autre et on arrive donc à repérer les traits caractéristiques de chaque personne. Dans le cas d'un autre des Métaportraits de la série La folie à Deux on peut encore mieux relever la subtilité des différences car elles sont sœurs ( Jane et Louise Wilson). D'autres artistes font ressortir les traits de caractéristique des visages. Ce sont les artistes qui font de la caricature. Pour exemple, on peut prendre Victor Hugo caricaturé par Honoré Daumer en 1849. Ces artistes accentuent la personnalité et l'identité de chacun grâce à leurs dessins. Par leur travail de multiplication et de modification Lawick et Muller font la même chose. On peut aussi remarquer que la disposition des portraits est de quatre en long et quatre en large donc en forme de carré. Mais il s'agit d'un carré pas carré : l'œuvre est plus haute que large. On a donc un déséquilibre qui reflète cette fois encore la présence d'une tension.
Pour conclure on peut voir qu'à partir de leur Métaportrait Lawick et muller créent un être ne représentant aucun des individus du couple mais un nouveau où le sexe est difficil à déterminer, un être androgyne. Il y a donc une certaine perte d'identité mais pour mieux montrer celle des deux personnes du coupe original. On peut observer cela grâce au phénomène de multiplication et de modification des traits de caractéristique de ces personnes. On peut se demandé si ce travail dénoncerait pas aujourd'hui une société sans arrêt retouchée par les logiciels.

Anaïs Cussonnet, Licence 1ere année, 2012-13

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