"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

12 décembre 2012

Paik (Nam June), Olympe de Gouges, 1989

-->


Fiche technique de l'oeuvre:
Support: Installation
Production: Nam june Paik
Packaging: aucun
Présence de date: 1989
Présence de signature: Oui
Visibilité sur internet: google image, http://dartdart.france2.fr/?id_article=137
Condition de diffusion et d'exposition: **
Langue d'origine:**


J’ai choisi de travailler à partir d’une œuvre de l’artiste Nam June Paik. C’est un artiste coréen né le 20 juillet 1932 à Séoul, en 1964 il émigre aux Etats-Unis, il meurt en 2006 à Miami. Il a au départ étudié la musique électronique. Il a travaillé à Radio-Cologne avec le compositeur allemand et pionnier de la musique électroacoustique Karlheinz Stockhausen. Il côtoie l’avant-garde de l’époque à savoir : Cage, Cunningham, La Monte Young et le couple Christo et Jeanne-Claude.
Il est le pionnier de l’art vidéo, dès 1963 il mêle des instruments de musiques et des TV dans ses installations. Dans son travail il joue sur la manipulation du son et de l’image, ainsi ses œuvres saisissent la perception du spectateur par une cacophonie visuelle et des arrangements sonores. Il a fait partie du mouvement FLUXUS.
Une œuvre hommage avec les principes de la république française.
Dans un premier temps je raconterai l’histoire de l’œuvre et de son contexte de création, et dans second temps je ferai la description et l’analyse de cette dernière.

I l’histoire de l’œuvre contexte de création
-->
L’œuvre que j’ai choisi est « Olympe de Gouges in la fée électronique », elle fait en réalité partie d’un ensemble de création de N.J. Paik, qui répond à une commande de la ville de Paris pour le bicentenaire de la révolution française. Elle date de 1989, mesure 300x200x50cm, elle est conservée à Paris au Musée d'Art Moderne. Pour les 100ans de la révolution française le gouvernement de la IIIe république décidait de faire une exposition universelle. Pour cette occasion, il souhaités l’édification d’un monument encore jamais vu : la tour Eiffel.
Rappel : Olympe de Gouges (7 mai 1748 – 3 novembre 1793) était une femme de lettre et une femme politique française. Elle est la créatrice du premier féminisme français. Elle écrit seule la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, calquée sur le modèle de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen dans laquelle elle affirmait l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes, insistant pour qu’on rendît à la femme des droits naturels que la force du préjugé lui avait retirés. Ainsi, elle écrivait : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » La première, c’est elle qui obtient que les femmes soient admises dans des cérémonies à caractère national, « la fête de la loi » du 3 juin 1792 et la commémoration de la prise de la Bastille du 14 juillet 1792. Elle fut guillotinée le 3 novembre de la même année pour avoir tenu tête notamment à Robespierre et Marat et avoir écrit des textes offensifs à leur égard.
Dans le dispositif de N.J. Paik il y a 5 œuvres, ce sont des sortes de « robot – réincarnation » de Rousseau, Voltaire, Robespierre, Diderot et donc aussi d’Olympe de Gouges. Il y a deux cents téléviseurs en tout, pour symboliser le bicentenaire de la Révolution, qu'il répartit entre le monument principal et les cinq robots.
Le lieu d’exposition choisi, a engendré le choix du titre chez l’artiste. Il s’agit de la salle que Raoul Dufy avait peinte pour l’exposition universelle de 1937, il l’avait nommée « la fée électrique ». Nam June Paik a donc réutilisé cette particularité pour le titre. 
-->

II  description-analyse d’olympe de gouges
 Olympe de Gouges in la fée électronique est constituée de 12 postes de TV couleur en bois, d’un lecteur de vidéodisque laser, de tissu et de fleurs en tissu.
Les TV sont empilées de façon à former une silhouette, certes robotique, mais humaine. Elles fonctionnent et font toute défiler les mêmes images, qui n’ont en soi rien à voir avec le sujet de la Révolution Française. Les fleurs et les bouts de tissus bleu, blanc et rouge sont disposés sur sa « poitrine » telle une cocarde tricolore.
Sur les flancs de la structure on peut y voir des idéogrammes chinois qui retracent la devise d’Olympe de Gouges avec les mots : « femme française, bonté, liberté, passion et vérité ».
La posture dans laquelle se trouve cette dernière fait un peu penser à une pose de mode dans un défilé.
Dans cette œuvre Paik se sert de la vidéo comme les sculpteurs se servent du marbre. Il créée ses images à partir du synthétiseur PaikAbe qu’il a mis au point en 1969 avec l’ingénieur Shuya Abe, qui lui permet de manipuler ses images à volonté. Ce sont des distorsions d’images, nous pouvons ici citer Vasarely et l’Op art en général.
Il faut savoir que Nam June Paik c’est mis à travailler avec les télés lorsqu’un jour il a posé un aimant derrière et que l’image c’est déformée.
Elle est en quelque sorte une œuvre spectacle, les télévisions captivant forcément les visiteurs. Elle a une posture qui rappelle "la Liberté guidant le peuple" de Delacroix.
Ce projet permet à l’artiste de pouvoir exprimer le fondement de son travail et de ses pensées, ce projet a été pour lui un déclic. Liberté – Egalité – Fraternité. Olympe de Gouges tel qu’il l’a construite et une nouvelle Marianne, elle porte les valeurs de notre République, les couleurs du drapeau par exemple. Mais ce personnage représente aussi la volonté de l’égalité par ses actions féministes et autres, la liberté parce qu’elle est une libre penseuse, et la fraternité parce qu’elle était pour un respect mutuel des différences. L’artiste place Olympe de Gouges sur le même plan que les autres personnalités de la révolution française, en effet elle est présentée comme patriote au même titre qu’eux. Comme une reconnaissance. Pourquoi le robot-réincarnation de Robespierre est-il représenté avec une lame, telle la guillotine sous le cou alors qu’Olympe de Gouges, elle aussi décapitée, non ?
Selon moi c’est à cause du fait qu’elle représente les valeurs de la République. Ces dernières ne meurent jamais, elles sont éternelles, le personnage historique, à travers l’œuvre de Paik devient donc une icône intemporelle. Le fait qu’elle incarne ces valeurs, lui a survécut, alors que de Robespierre on ne se souvient que de son personnage historique et que de son exécution.   

Nam June Paik a fait d’autre robot pour la famille-révolution, Danton, Marat, et David, mais ces créations ont été faites pour un musée de la Ville de Montréal.
Les hommages contenus dans l’œuvre sont nombreux, le premier est évidemment ce pour quoi elle a été commandée : le bicentenaire de la révolution française, les femmes de la révolution française et par là à Olympe de Gouges, aux valeurs de la république Française, et à Raoul Dufy.
Nous pouvons donc conclure que cette œuvre est une commande réussie et porte réellement les valeurs de la République française.

Louise Piffault (2012-2013)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire