"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

9 octobre 2012

Mohr (Manfred), Random Walk II, 1969



Mohr (Manfred), Random Walk II, 1969
Fiche de l'oeuvre:
Support: Dessin, encre sur papier, 50x50cm
Visibilité sur internet:  http://www.emohr.com/ww4_out.html 
Langue d'origine: Allemand

Présentation : 

             Manfred Mohr est un artiste allemand né le 8 Juin 1938 à Pforzheim. Il entame une carrière d'artiste et de musicien jazz, notamment avec le chanteur de rock français Rocky Volcano. La musique restera sa principale source d'inspiration. En 1962, il vit à Barcelone, puis de 1963 jusqu'en 1983, il s'installe à Paris. Aux alentours de l'année 1981, il commence à travailler aux États-Unis, plus particulièrement à New York, où il décidera de s'installer après sa vie à la capitale française. Il a notamment essayé durant sa jeunesse d'entrer dans l'école des Beaux-Arts de Paris. 
          En 1968, il co-fonde le séminaire "Art et Informatique" à Paris. Il y fera notamment une exposition solo au Musée d'Art Moderne. En 1969, il devient l'un des artistes à accéder à un des premiers ordinateurs dessinateurs existant de l'époque, plus communément appelés des traceurs. Cet ordinateur est utilisé par les scientifiques afin de dessiner des modèles météorologiques. Mohr dit : "Avec cette phase de travail (celle avec l'ordinateur), j'introduis une construction logique et automatique dans mes travaux.  Pour la première fois, les algorithmes sont utilisés pour calculer l'image." 

Présentation :

                Manfred Mohr utilisa alors cet ordinateur pour créer des oeuvres tels que Random Walk I. Il en fit un deuxième exemplaire avec Random Walk II, en changeant de couleur de fond et d'encre. En comparant son ancien travail avec ce traceur, et ses anciennes recherchent se fondant sur la musique, plus particulièrement la musique jazz, on voit que l'artiste passe d'un expressionnisme abstrait à un expressionnisme géométrique.
               Cette oeuvre de 50x50cm nous montre un fond noir sur lequel des lignes blanches s'incrustent. Ce sont des éléments horizontaux, verticaux, avec des angles de 45°, donc l'épaisseur et la longueur sont totalement choisis aléatoirement. L'artiste dit d'ailleurs : " Ma pensée est rendue visible à travers les programmes informatiques que j'ai écrit. Les dessins obtenus ont été réalisés par un traceur. Avec le choix de caractéristiques de lignes différentes, un alphabet d'éléments arbitraires est généré. Des algorithmes uniques sont inventés pour chaque travail dont chaque forme et structure est créée. Les algorithmes sont construits sur des principes de sélection aléatoire que j'ai appelés "des filtres esthétiques"." 
               On y voit alors plus clair dans cette oeuvre. Il se pourrait que les lignes blanches tracées par l'ordinateur soient en fait les lignes conductrices de sa pensée. On peut alors y distinguer deux parties : la première qui est la moitié du haut de l'oeuvre, où l'on y voit une multitude de lignes blanches zig-zagants entre elles, avec des longueurs et épaisseurs différentes. Elles seraient la représentation de la pensée de l'artiste, en commençant de manière totalement aléatoire, sans aucun but ou objectif. La seconde partie serait donc le fruit de sa pensée réflective, où l'on y voit beaucoup moins de lignes blanches, comme si sa pensée était mieux contrôlée. 
               Il dira avoir été notamment influencé par la théorie du compositeur Pierre Barbaud : celle d'un ordinateur capable de créer de la musique de manière totalement autonome. 



Références :
Charles Csuri, SineCurve Man, 1967


Frieder Nake, Hommage à Paul Klee, 1965
Vera Molnar, Interruption, 1968-1969
Edward Zajec, Prostor, 1969


Georg Nees, Würfel-Unordnung, 1968-1971






Nicolas Troncoso 2012_2013

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