"Or, pour le numérique, il n'y a pas d'art, ni même de formes sensibles propres à un matériau ou à un instrument. Le numérique opère non pas sur du "n'importe quoi", mais sur du "moins que rien"."

Edmond Couchot et Norbert Hilliaire, L'art numérique, Paris, Flammarion, 2003

3 décembre 2012

Sorin (Pierrick), Nantes projets d'artistes, 2002

Fiche technique de l'œuvre:

Support: Vidéo
Production: Pierrick Sorin
Packaging: Sous forme de reportage
Présence de date: 2002
Présence de signature: Oui
Condition de diffusion et d'exposition: Vidéo présentant des oeuvres fictives .
Langue d'origine: Français

Présentation 

Pierrick Sorin est né en 1960, à Nantes, Pierrick Sorin est artiste vidéaste mais qui c'est aussi essayer plus jeune à la bande dessiné, l'image animée ainsi qu'a la photo. Il réalise des courts-métrages et des dispositifs visuels dans lesquels il se moque, sur un mode burlesque, de l'existence humaine et de la création artistique. Il a réalisé des reportages télé et de faux reportages ainsi que des clips vidéo et a été acteur dans 2 longs métrages. Comme « Nantes, projets d'artistes » ou il se grime en 7 artistes réalisant des projets fou à Nantes, ainsi qu'en le présentateur de ce reportage appelé Folies.
Il créé aussi des dispositifs visuelles dans un but événementiel (communication événementielle). Il a déjà travailler et réaliser des œuvres pour la maison Chanel en collaboration avec Jean Paul Goude ainsi que pour les Galeries Lafayette Haussmann. Bref, Une touche a tout dans l'univers vidéographique. Fervent pratiquant de l'auto-filmage c'est a dire qu'il se filme lui même et est souvent l'unique acteur des histoires qu'il invente et aussi des personnages de fiction incarnés par sa propre personne. Mais l'artiste est aussi un enfant de Méliès: il crée en particulier des petits “théâtres optiques” , mélanges d'ingénieux bricolages et de technologies nouvelles, qui lui permettent d'apparaître comme par magie, dans l'espace, sous forme de petit hologramme et parmi des objets réels. On retrouve dans ses films ainsi que ces théâtres visuels tous les ingrédients classiques du divertissement : le déguisement, le comique de répétition et le gag de music-hall, ce qui les rend d’autant plus familiers et accessibles pour le spectateur. En effet il est partisan d'une attitude artistique qui, tout en étant contemporaine et intellectuelle, reste accessible à un large public.
Ses oeuvre ont été présentées dans les hauts lieux de l'art contemporain: Fondation Cartier, Centre Georges Pompidou, Tate gallery de Londres, musée Guggenheim de New-york, Métropolitain Museum of photography de Tokyo...


Pierrick Sorin, ici, pose la question de la réalité et de la fiction. Comment un projet réel peut contenir une multitude de projets fictifs ?

I. Description et analyse générale de l'oeuvre vidéographique réel
Ce projet est une réalisation vidéo d'une série de projets fictionnels monumentaux réalisé par ordinateur (traitement numérique de l'image) dans des espaces publiques extérieurs de la ville de Nantes, elle est présenté sous forme de documentaire à propos de la commande publique tout à fait classique et sérieux. « Nantes, projets d'artistes » 2000 est une œuvre qui réunis bon nombre des idées de travaux de Pierrick Sorin. En effet elle reprends son principe d’auto-filmage puisque les 7 artistes ainsi que le présentateur de ce cours-métrage ne sont autres que lui même. Habilement grimé, le visage maquillé, avec des costumes, il joue le rôle de plusieurs “jeunes artistes européens” ayant tous les attributs d'artistes (bloc note, pot de peinture, ordinateur..). Il façonne chaque attitude en fonction de la personnalité du personnage. (Ex : l'artiste portugais est exalté, l'artiste anglais est un peu intello, prétentieux, comme l'espagnol qui se double de la figure du mélancolie ; l'artiste hongroise est vaguement inhibée, la photographe allemande est d'une sensibilité excessive, quant à l'artiste grec, il s'agit carrément d'un mégalomane animé par les goûts les plus kitsch. Le dernier Pierrick Sorin, le natif de Nantes, donne l'impression d'être un gentil pervers). Sorin est filmé en playback doublé par une voix qui s'exprime dans la langue de l'artiste pour faire comme si il communiquait directement devant la caméra. Comme dans tous les reportages de ce type, une voix Off traduit ce que dit l'artiste en français. Les artistes présentent et commentent sur le terrain, leurs projets les plus fous qui sont fictionnels mais qui sont inscrit dans la réalité des différents paysages urbains. Ce cours métrage, faux documentaire sur des artistes, personnages de fiction présente 7 projets Fous, d'ou le nom du reportage « Folies » Pierrick Sorin veut se moquer de l'art, de la posture des artistes souvent trop loin du spectateur moyen ainsi que des documentaires artistiques. Cette œuvre mêle poésie et avec une certaine ambiguïté une critique des ambitions politiques dont l'art est le vecteur. Pierrick Sorin se met lui-même en scène pour incarner plusieurs artistes européens aux projets tous plus loufoques les uns que les autres. Il y questionne donc la légitimité des artistes, dénonce leur posture et d’une façon plus générale il déconstruit leur travail au cours des quarante dernières années : photo, peinture, danse, sculpture, musique, cinéma, vidéo …
Référence : Ce film est une parodie des documentaires à vocation "culturelle" que l'on peut -ou que l'on a pu voir à une certaine époque- sur des chaînes de télévision comme Arte ou la 7. La forme emprunte aux codes de ce type d'émission destinée à un public choisi. L'ambiance et le cadre sont gentiment extravertis, mais toujours avec mesure. Pierrick Sorin provoque le rire en incarnant des types d'artistes que l'on a forcément croisés un jour ou l'autre et dans lesquels nous retrouvons tous les défauts spécifiques à la profession.
Ces expériences plastiques diverses sont traversées par des thèmes récurrents. En particulier par ce doute absolu sur la valeur des objets artistiques, sur celle de toute activité humaine. L'enfermement insoluble dans des problèmes existentiels et le repli sur soi qui conduit jusqu'au dédoublement de la personnalité, comptent aussi parmi les idées qui fondent son travail. Sorin lui-même parle ici de lui à la troisième personne du singulier. Comme s'il était un autre, comme si de toute manière dire “je” ou faire appel à une voix extérieure à soi-même n'avait guère d'intérêt et d'importance.
Citation :
« Pour moi le rire est un déclencheur d’émotions pour le spectateur. Il permet de l’accrocher, de l’emmener ailleurs, de lui mettre sous les yeux une réalité humaine à partir de laquelle il y a matière à s’interroger. Le rire c’est finalement très pédagogique ! » P. Sorin

II. Description d'un fragment fictionnel : 2 projets en particulier
Le présentateur qui n'est d'autre que P. Sorin présente des projets fous de part leur coté « spectaculaire et monumentale » l'objectif étant de « bouleverser le paysage urbain ».

1.     (10’57- 14’36) Kriqui Perrone, Artiste espagnol
C'est un artiste espagnol, plutôt sombre, handicapé depuis l'enfance qui semble pourtant travailler depuis plus de 20 ans sur le corps en mouvement, la danse ce qui paraît pour le moins paradoxale ( Artiste sombre – projet joyeux) ( Handicapé depuis l'enfance - corps en mouvement ). Quand il arrive en camion de location on peut voir un hologramme sur celui ci avec l'inscription : «  Dancers at the top » . Son projet veut faire apparaître des danseurs des plus joyeux sous forme holographique sur le toit du théâtre de la ville. Ces hologrammes ne sont pas vrais, ils sont rajoutés par ordinateur il faut le savoir.
Référence : praxinoscope-théâtre d'Emile Reynaud dans lequel on voit le personnage s'animer à l'intérieur d'un décor fixe par un jeu de reflet sur une plaque de verre incliné. (Emile Reynaud, Autour d'une cabine)  



Il crée tout un projet pour que ce soit les habitants de la ville qui dansent tous alignés. Ce projet est donc en interactivité avec les nantais, faisant de la participation l'élément le plus important de son œuvre, il créé même un camion ambulant a cet effet. Il inscrit son œuvre dans des références classiques avec les structures de faitages. Il rajoute en plus un aspect moderne avec l'utilisation de « Technologies d'avant gardes » de part l'utilisation d'hologrammes. Il y a la création d'un système itinérant pour diffuser l'oeuvre sur d'autres toits d'immeuble ainsi que la création d'une station de radio pour pouvoir regarder les hologrammes avec une musique qui correspond à l'oeuvre, tout cela pour éviter la nuisance sonore. Il a une réflexion sur l'impact de son œuvre. Tous ces éléments crédibilisent l'oeuvre et fond que le spectateur de la vidéo se dis que tout est réel, que cela existe vraiment à Nantes.

2.     ( 20'12 – 23'02 ) Pierrick Sorin, artiste français
Pierrick Sorin se montre ici sous son vrai visage, Il a une présentation comme tous les autres artistes avec un rappel de ses principes artistiques. (Principe de l’auto-filmage) Son œuvre fictive est a mis chemin entre la sculpture et le cinéma. Son projet est l'envie de créer une sorte d'hallucination visuelle pour les gens qui sont dans le tramway Nantais. Cette œuvre qui marche seulement la nuit, fait apparaître un corps qui est tout d'abord masculin puis qui se transforme en femme, tout cela dure seulement 2,3 secondes. Le rajout par ordinateur de ces statues fait que le projet semble complètement réel, d'autant plus que le projet marche tout a fait. Apparaissant comme un gentil pervers, il veut que la personne pense que c'est un fantasme . Là encore tout le dispositif est expliquer : présence de statues faites à partir de moules en latex, non présence de technologies de pointe, explication de toutes les caractéristiques du dispositif flash intermittent permettant à chaque statue d'apparaitre… Chaque détail est présent pour rendre le projet réel. Comme avec l'artiste précédent, tous ces détails, ces explications ne font que donner la crédibilité à son œuvre .
Référence : L'homme sans tête, Méliès.




Les œuvres sont pour le moins délirantes mais leurs intérêt est soigneusement justifié, soit par l'artiste lui-même, ou par le commentaire en voix-off. La justification ce fait sur les plans artistique, économique, scientifique, culturel, topographique, social, relationnel ou sur celui de l'affectif et de la valeur ajoutée à la ville de part ces projets.

Pierrick Sorin en incarnant toutes ses personnalités, ne cesse d'interroger le monde artistique, les artistes contemporains eux même en les décrédibilisant de part tous ces projets loufoques d'artistes ont peut le dire aussi loufoques dans leurs façons d'agir et de penser. On peut y voir une critique d'un art contemporain des fois trop loin des préoccupations et de l’intérêt d'un publique lambdas et un certain sens de l'auto dérision de la part de l'artiste lui même. De plus « Nantes, Projets D'artistes » vas a l'encontre de nombreuses propositions de commandes publique. La notion de commande publique réelle admet une réponse purement fictionnelle voulant apparaître comme réelle de la part de Pierrick Sorin. 

Alexandre Peyron (2012-2013)

28 novembre 2012

Baker (Christopher), Murmur Study, 2009


Fiche technique de l'œuvre:
Support: Installation
Production: Christopher Baker
Packaging: aucun
Nombre d'exemplaire: un.
Présence de date: 2008
Présence de signature: non.
Visibilité sur internet: http://vimeo.com/4464887
Condition de diffusion et d'exposition: 30 imprimantes posées sur un mur et relié à un ordinateur grâce à des concentrateurs USB 2.0 branchés en série.
Langue d'origine: Anglais


Présentation:
       Depuis sa création, l’usage d’internet a considérablement évolué : occupant d’abord une fonction exclusivement militaire, elle s’est par la suite convertie en fonction scientifique et récréative. Modifiant totalement notre façon de voir le monde, le temps et l'espace, elle nous permet à présent de communiquer avec une ou plusieurs personnes, quelque soit l’heure ou le lieu.
       Les bouleversements des moyens de communication n'ont jamais laissé de marbre les contemporains et, à plus forte raison, les intellectuels. Ainsi, en 1932, Bertholt Brecht souligne dans son essai "La Radio comme un appareil de communication" une idée selon laquelle les télécommunications peuvent devenir un médium artistique.
       Bien plus tard, en 1993, Paul Virilio (urbaniste et essayiste français) parlera quant à lui de l’arrivée du virtuel comme l’apparition d’une nouvelle ère : l’ère de la logique paradoxale. Je cite :"Ce noveau type d'images donne la priorité à la vitesse sur la race humaine, au virtuel sur le réel, et transforme notre notion de la réalité en quelque chose de donné à la construction." (Citation de Virilio reprise par Eduardo Kac "Telepresence Art" (1993), dans Art and Electronic Media, p.236)
       Pour Paul Virilio, la vitesse du langage des images dénature les facultés d’analyse et les rapports humains. Cette vitesse technologique désormais supérieure au temps humain mène tout droit à une autodestruction politique, sociale et peut-être physique de l’homme.
       Mediums artistiques pour les uns, sources de craintes et d'inquiétudes pour les autres,  les moyens de communication virtuels sont traversés par ce paradoxe continu. Cette tension a particulièrement intéressé Christopher Baker, notamment à travers son installation "Murmur Study" que je vais à présent vous présenter.

1 ) Présentation de l’artiste et de l’œuvre

Ma problématique est donc la suivante : Comment l'artiste s'empare du thème de la communication virtuelle ? De quelle façon l'œuvre de Christopher Baker interpelle le spectateur
       Murmur Study (ou l’étude des murmures) est une œuvre conceptuelle de l’artiste Christopher Baker  qui a travaillé en collaboration avec Márton András Juhász et Budapest Kitchen. L’installation a été présentée pour la première fois au Festival Spark 2009 et elle a par la suite reçu plusieurs distinctions internationales dans des festivals, galeries et musées.
       En plus d’être artiste au Kitchen Budapest (un laboratoire d’expérimentation des arts médiatiques situé en Hongrie) il faut également noter que Christopher Baker a auparavant travaillé dans le domaine scientifique et plus précisément dans le développement des interfaces cerveau-ordinateur à l’Université du Minnesota.
       Ses connaissances  scientifiques lui ont permis d’exploiter le langage de programmation Java afin de  mettre au point un logiciel de contrôle permettant de faire fonctionner plusieurs imprimantes à l’aide d’un seul ordinateur, mais aussi de les connecter directement à Internet. L’installation se compose de 30 imprimantes thermiques Epson TM-T20 qui sont reliées chacune à des concentrateurs USB 2.0 branchés en série. A l’aide du logiciel Murmur Study qui surveille en temps réel les mises-à-jour des internautes contenues sur les messageries de micro-blogging, les résultats des mots-clés auparavant définis par l’artiste sont imprimés de manière quasi continuelle sur du papier thermique, créant ainsi un projet d’art in progress.
Murmur Study ressemble à une version sophistiquée de l'installation News, crée en 1969 par Hans Haacke. 
 
Elle se composait d’un téléscripteur qui recevait et imprimait les nouvelles locales, nationales et internationales en temps réel. Il s’agissait d’un moyen de critiquer le côté éphémère des "dernières nouvelles" et l’impact dû au défilement incessant de l’actualité et donc de démocratiser la consommation et le partage de médias.

2) Les données numériques : Une persistance insignifiante
       Avec cette installation, Christopher Baker interroge une certaine futilité de l'époque en sélectionnant des messages émotionnels, le plus souvent sous forme d’onomatopées qui se succèdent. Il faut dire qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, le problème des blogs et leurs "pages" qui ne sont plus alimentées au bout de 10 jours fautes d’événements personnels est en partie résolu. En tenant compte d’une limitation de 140 caractères, Twitter nous propose de parler de soi à travers des mots. Plus simple à alimenter quotidiennement et enclin à accueillir de la micro-information, il n’est pourtant pas rare que l’on se demande ce que l’on peut dire si l’on a rien à dire. C’est ainsi que des millions de personnes postent des messages insignifiants qui sont diffusés seconde par seconde sur la toile. Aussi bien pour sa commodité que par son contenu futile, Twitter est devenu un symbole de simplicité qui illustre parfaitement le flux d’informations et d’émotions continues impossibles à suivre. Néanmoins, chacun prend  plaisir à les lire...
       Le contraste ironique qui existe entre le vide de signification de ces messages et leur rémanence est parfaitement représentée dans cette installation : ces pensées simplistes sont réinscrites dans l’espace physique, s’accumulent sur le sol et sombrent finalement dans l’oubli.  Il s’agit d’une manière pour l’artiste de nous rappeler qu’à l’inverse des conversations en dehors d'Internet, ces pensées insignifiantes sont accumulées, archivées et indexées numériquement par des sociétés. Mais il nous invite également à réfléchir sur notre façon de "penser fugitivement et émotionnellement" sur Internet.
Comme artiste travaillant sur le thème de la communication virtuelle, je vous propose Markus Kison et son œuvre Pulse datant de 2008. 


Il s’agit d’un "cœur" qui bat au mouvement des billets publiés sur la plateforme blogger. Il nous permet de visualiser en temps réel les humeurs des rédacteurs. Celles-ci sont analysées et comparées à une liste de synonymes d’émotions, puis ces données sont retranscrites physiquement par la métamorphose de ce cœur.
Breaking, une performance d’Eli Commins :




      
       
Toute la matière textuelle de la performance raconte un événement de l’actualité et provient de témoignages réels postés par des usagers de Twitter. Les spectateurs sont confrontés aux voix de ces témoins ou acteurs d’un événement. Breaking permet de donner forme à un récit commun qui se tisse à partir d’une multiplicité de points de vue et nous place dans une position nouvelle face aux informations que nous recevons à travers le monde grâce à Internet. 
     Pour en revenir à Murmur study, il faut savoir que l'impression fonctionne à une vitesse limitée pour économiser du papier.  A la fin de chaque démonstration, les piles de papier qui en résultent sont recyclés ou réutilisés lors de futures expositions.

3) La présence physique : une interrogation réel/virtuel
       Le travail de Christopher Baker est souvent spécifique au site : l'architecture et le lieu sont en effet des considérations importantes dans ses œuvres. Pour cet artiste, l’art qui s’engage dans le monde numérique tend, en général, vers des expériences immatérielles pour le spectateur, c’est pour cette raison qu’il considère la présence physique de cette sculpture monumentale comme l’élément qui fait la force de son installation. Voici une citation de l’artiste à ce sujet…
       "Malgré une familiarité croissante des outils numériques, les objets physiques permettent encore de trouver écho avec le corps du spectateur d'une manière sensuelle, ce qui n’est généralement pas le cas avec des expériences lumineuses et virtuelles. Pour moi, le physique créé un pont important entre mes idées et le spectateur. Cela requiert beaucoup plus de travail pour finalement obtenir le même résultat, mais ces liens tissés sont ainsi purement numériques ou virtuels."
Trouver des interactions entre l'architecture, l'espace, le lieu et les données numériques est pour lui un moyen de produire un mélange riche. Je poursuis :
"Twitter signale qu'il y a, en moyenne, 200 millions de tweets par jour […]toutes les données numériques ont une base physique. Les données numériques ont besoin d'énergie, d'espace et de ressources.."
J’ai sélectionné cette citation que je trouvais intéressante car l’artiste nous parle de ces fragments de chiffres importants qui lui permettent d’en faire l’expérience sur le plan physique, cela l’aide à transformer notre réalité numérique en une démarche plus réfléchie. Mumur study nous oblige à prendre conscience qu’une partie de notre identité publique affichée sur ​​une base quotidienne par l'intermédiaire des réseaux sociaux pose des problèmes de confidentialité des données liée au respect de la vie privée.
       Nous en venons donc à nous demander pourquoi les gens tiennent tant à partager leur vie privée sur le web.  [diap] Dès 1984, Roy Ascott (artiste et théoricien anglais) s’interroge sur ce phénomène et nous raconte, je cite : "Se connecter au réseau, partager des échanges d’idées, propositions, visions et des potins est quelque chose d’exaltant, en fait, ceci devient totalement irrésistible et addictif" (Roy Ascott, Telematic Embrace: Visionary Theories of Art, Technology, and Consciousness, 1984, p. 231)
Je vous propose également deux œuvres qui traitent du sujet de la diffusion publique de l’identité sur Internet. Tout d’abord Listening Post par Mark Hansen et Ben Rubin (2002) :

     
Les artistes récupèrent des fragments de texte à partir des sites de chat et forums publics. Puis ces textes sont ensuite lus par un synthétiseur vocal et affichés simultanément sur ​​une grille suspendue où sont disposés plus de deux cents petits écrans électroniques.
Et enfin, Jens Wunderling et son installation dans l’espace publique nommée Default To Public - Tweetscreen (2008)  : Grâce à un système de géolocalisation des comptes, l’artiste récupère un tweet puis le projette dans l'espace public proche de l’auteur du message (vitrine, mur d'immeuble, panneau d'affichage) Dès qu’un nouveau message est affiché, une photo est prise automatiquement et envoyée à son auteur afin qu'il ou elle soit au courant de la "publicalisation" de son message. Le spectateur prend donc ainsi conscience de son auto-exposition sur le web à travers le monde physique.


       En conclusion, l’œuvre de Christopher Baker utilise un procédé très simple mais nous divulgue des messages clairs et explicites. A travers cette création d'une manifestation physique qui nous donne à voir l'accumulation des pensées personnelles accessibles  grâce aux réseaux sociaux et micro-blogging, l’artiste nous interroge sur notre utilisation des moyens de communications humains par une interaction entre le réel et le virtuel.


Vallet Leslie, 2012-2013.

27 novembre 2012

Rios (Miguel Angel), Crudo, 2007



Fiche technique de l’œuvre:
Titre: Crudo
Direction: Miguel Angel Rios
Support: vidéo
Durée: 3’33
Année: 2007
Production: Colonia Doctoresse Mexico, D.F.
Visibilité sur Internet: www.Youtube.com 

Miguel Angel Rios
Naturelles Calchaquies Vallées en Argentine Miguel Rios Ange il a couru à New York dans les années 70 en raison de l'instabilité politique dans son pays, mais était au Mexique qui se sont installés et où il a également studio. Cet artiste effectue un travail sur différents supports tels que le dessin, peinture à l'huile et collages de papier est la vidéo. Dans son travail, il est très influencé par la culture mexicaine et son chemin de vie sociale.
L'ouvrage présent un son de la vidéo en fait l'homme blanc vêtue d'une traditionnelle danse Argentine le "Malambo" avec des morceaux de viande accrochés par les mains d'une danseuse fil, utilisé pour frapper le sol. La chorégraphie se fait par robinet dansant et frappant le bœuf haché. L'action se déroule sur un fond noir apparaît où un groupe de chiens enragés qui aboie et qui pourraient interférer avec la performance de la danseuse, créant ainsi le récit. Jusqu'à ce que vous atteigniez un point où l'un des chiens a attaqué le danseur qui tente sans cesse de danser!
Le son de cette vidéo est enregistré directement à l'action sans être modifiées par ordinateur. La chorégraphie du danseur crée le son de la vidéo qui va augmenter à mesure que le niveau de performance.
Lorsque les chiens semblent également changer le rythme effréné qui produit un son musical presque depuis le début a été d'augmenter jusqu'à un point culminant de la vidéo, puis de nouveau à diminuer le rythme jusqu'à la fin de la vidéo.
Le ballet sera filmé à partir de plusieurs points de vue, en utilisant les points de vue du caractère, le danseur est également utilisé comme du point de vue de donner plus de chiens proximité travailleront à partir du point de vue de l'observateur.
L'artiste crée une image, très propre et lumineuse et parfait. Utiliser la fonction Contraste stricte le fond sombre et le personnage vêtu de blanc attire l'attention sur l'action principale.
L'artiste conceptuel aborde le thème du conflit.
C'est avec cette métaphore que l'artiste veut aborder la question des conflits et de difficultés. Il utilise la confrontation (lutte) l'homme en blanc qui symbolise un individu puissant dans la société. Les chiens affamés représenter la population tente de survivre à tout prix. Il crée cette métaphore pour parler de sa propre expérience en tant que citoyen d'un pays avec les niveaux élevés de criminalité tels que le Mexique et l'Argentine qu'il connaît bien, il vit et travaille.
Ballet avec un taux d'augmentation des bouchons de bœuf haché accélère la tension entre la danseuse et les chiens affamés. Créez le spectateur l'intention de l'incapacité à réagir pour empêcher les chiens d'attaquer le danseur et continuer à faire le spectacle. L'artiste veut montrer au spectateur qu'il vit dans une société criminelle, mettant en évidence l'impossibilité de changer cette situation. Ici, le rôle du citoyen est le rôle du spectateur qui regarde la vidéo sans le pouvoir de changer.
L'artiste tient à souligner, face aux problèmes sociaux qui montrent la fragilité de la condition humaine où l'on tue un autre être humain sans remords. L'artiste se souciait de ces questions, dit que son travail exprime les jours nous vivons les uns avec les autres; «Au Mexique difficile de ne pas 5 minutes de marche seul dans les rues"
Cette très propre et beau clair de voir qu'il s'opposait le message et crée actitude agressive difficile à voir, ce contraste est caractéristique de l'œuvre de cet artiste.


Suzi Figueira (2012-2013)



24 novembre 2012

Shaw (Jeffrey), EVE, 1993

Jeffrey Shaw est né à Melbourne en Australie en 1944. Il est considéré comme l'un des plus grands chercheurs dans le domaine du cinéma numérique multimédia. Il a étudié l'architecture et l'histoire de l'art à Melbourne, puis la sculpture à Londres. Depuis 1991 il est directeur d'un institut des arts visuels de Karlsruhe. Parmi ses oeuvres faisant référence on peut citer The Legible City (1989), The Virtual Museum (1991). Désormais il vit et travaille à Hong Kong.


EVE est une installation cinématographique interactive. C'est une nouvelle forme de visualisation interactive. Le spectateur est en immersion totale. C'est un appareil de réalité virtuelle. Dans le centre d'un grand dôme gonflable de 12m de diamètre, deux projecteurs vidéo sont montés sur un dispositif d'inclinaison motorisée (comme un bras robotisé, cf. la photo ci-dessus) qui peut déplacer l'image projetée n'importe où sur la surface intérieure du dôme. Les deux projecteurs vidéo présentent une paire stéréo d'images - les spectateurs portant des lunettes peuvent voir les images projetées en trois dimensions.


Le visiteur porte un casque avec un dispositif attaché qui identifie la position et l'angle de sa tête. Cela contrôle le positionnement de projecteurs vidéo pour que l'image projetée suive toujours la direction du regard fixe du visionneur. De cette façon il peut se déplacer, et le cadre avec la vidéo à l'intérieur fait surface dans le dôme et explore en mode interactif les scénographies virtuelles créées par ordinateur qui sont présentées là. Un levier de commande permet aussi de contrôler le mouvement dans l'espace virtuel environnant. Si la fresque filmique est virtuellement présente sur l'intégralité de la surface du dôme, seule la zone vers laquelle se focalise le spectateur se dévoile visuellement et auditivement.

Avec le procédé de cinéma interactif EVE, les spectateurs choisissent ce qu'ils veulent voir d'un film dans lequel ils sont immergés. À la fois cadreur et monteur de chaque projection, aucun des spectateurs ne voit le même film. La sensation obtenue rappelle la découverte à la torche des peintures de Lascaux, à ceci près que les images bougent. Les oeuvres créées pour le EVE sont entre autre Si Poteris Narrare de Jean-Michel Bruyère (2002) et Perm de Ulf Langheinrich (2003). C'est ce que Jeffrey Shaw a désigné comme "l'émergence d'une multi temporalité dans laquelle les actants font l'expérience des conséquences de leurs propres actions, de toutes celles qui les ont précédées, mais aussi de leurs transmutations, réécritures, réincarnations".

Ici, l'artiste est effacé, c'est un dispositif où d'autres vont s'inscrire, le public en général. On pourrait dire que l'artiste devient créateur de contextes plutôt que de contenus. La position du spectateur n'est plus la même non plus, il devient un élément et un matériau de l'oeuvre. Pour qu'il y ait interactivité, il faut que l'oeuvre repose sur un programme informatique. L'interactivité s'inscrit dans la suite logique de la nature de l'oeuvre numérique. L'oeuvre numérique est un objet manipulable. L'oeuvre interactive est un objet numérique manipulable en temps réel par quelqu'un ou quelque chose d'autre que son créateur.

Comme référence, j'ai choisi de vous montrer Interactive Plant Growing de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau en 1992. C'est aussi une oeuvre multimédia interactive. Dans cette installation, les visiteurs peuvent interagir avec des plantes artificielles. En s'approchant ou en touchant de vraies plantes, le visiteur peut initialiser et contrôler la pousse des plantes de synthèse projetées sur un grand écran.


Ma seconde référence est de Dick Groeneveld, The Narrative Landscape de 1985 (il a d'ailleurs travaillé avec Jeffrey Shaw). Les spectateurs sont debout sur un balcon où un joystick leur permet de prendre n'importe quelle direction latérale sur la surface de ses images et de faire un zoom sur une partie choisie d'une image. Aux extrémités des images il se produit une transition numérique dune image à une autre. 


Laurine VALLON (2012-2013)